Randy Tshilumba, le jeune homme accusé d'avoir poignardé une dizaine de fois Clémence Beaulieu-Patry dans un supermarché Maxi souffre de «schizophrénie paranoïde» et n'était pas capable de distinguer le «bien du mal, le légal de l'illégal» au moment du meurtre, a témoigné hier la psychiatre France Proulx.

La témoin experte du Tribunal conclut dans son expertise psychiatrique que Randy Tshilumba était «clairement envahi par des idées délirantes paranoïaques à l'égard de la victime» le soir du 10 avril 2016.

L'homme de 21 ans était persuadé que cinq jeunes femmes, dont Clémence Beaulieu-Patry, cherchaient à le tuer depuis plus d'un an. Selon Dre Proulx, l'accusé n'est ainsi pas criminellement responsable du meurtre de Clémence Beaulieu-Patry.

Selon l'expertise de Dre Proulx et de sa collègue Dre Marie-Michèle Boulanger, Randy Tshilumba pourrait aussi souffrir d'un «trouble schizoaffectif». Elles écartent cependant le diagnostic de «trouble délirant», notamment parce que l'accusé «présente certaines bizarreries du comportement et probablement des hallucinations auditives».

La semaine dernière, le psychiatre-expert de la défense Louis Morissette concluait pour sa part à un diagnostic de forme persécutoire d'un «trouble délirant», une «pathologie mentale grave». Il excluait le diagnostic de schizophrénie.

Selon Dre Proulx, Randy Tshilumba affirme toujours être menacé par un groupe de cinq filles depuis qu'il est détenu à l'Institut Philippe-Pinel. «Il a également l'impression qu'elles sont en mesure de venir l'empoisonner. Il est convaincu qu'elles sont présentes dans les hélicoptères et les avions qu'il aperçoit circuler à proximité de l'Institut», indique-t-elle dans son rapport.

Le personnel de l'Institut a noté «quelques comportements bizarres» de l'accusé depuis son transfert le 2 août dernier. «Il est entre autres aperçu nu, debout, pendant plus d'une vingtaine de minutes, à découper des petits morceaux de papier hygiénique à sa chambre», note la psychiatre. Son témoignage se poursuit aujourd'hui.

Tshilumba s'était confié à son meilleur ami 

Quelques semaines avant de tuer Clémence Beaulieu-Patry, Randy Tshilumba avait confié à son meilleur ami qu'un groupe de filles de leur ancienne école secondaire voulait le tuer. «Je lui disais qu'il était paranoïaque», a témoigné mardi John Elton Louis.

Le meilleur ami de l'accusé à l'époque raconte que Randy Tshilumba lui disait recevoir des commentaires intimidants sur Facebook en janvier 2016, trois mois avant le meurtre. «Il n'arrêtait pas de me parler d'un groupe de personnes qui voulaient salir sa réputation», explique-t-il. L'accusé restait toutefois «énigmatique» sur l'identité des intimidateurs.

Quelques semaines plus tard, Randy Tshilumba l'appelle pour lui confier qu'il craint pour sa vie. John Elton Louis l'invite chez lui. Les amis se voyaient moins souvent à cette période. L'accusé évoque maintenant un «groupe de filles» de leur ancienne école secondaire. «Il m'a donné le nom de Myriam», dit-il. Cette jeune femme était une des meilleures amies de Clémence Beaulieu-Patry. Avant le meurtre, l'accusé avait d'ailleurs discuté avec Myriam à son travail pour la convaincre de ne pas le tuer, selon son témoignage.

Sceptique, John Elton Louis exige d'avoir des preuves. Or, sur la page Facebook de Myriam, les deux amis ne trouvent aucun message de menaces. «Il m'a montré des messages, mais il ne trouvait rien. Il m'a dit : "tu ne peux pas comprendre, tu n'es pas à ma place." C'était assez flou, ce n'était pas des messages qui lui étaient adressés», explique-t-il. 

Selon la thèse de la Couronne, Randy Tshilumba a planifié de tuer Clémence Beaulieu-Patry au Maxi, parce qu'il avait été éconduit une semaine plus tôt par la jeune femme qui avait refusé de lui donner ses coordonnées. L'accusé s'est caché pendant des heures dans les toilettes des femmes du Tim Hortons et a effectué de nombreuses recherches internet pour tenter de «se débarrasser des preuves».