Un vendeur de drogue reconnu coupable d'avoir tué un autre homme pour une dette de 40 $ a écopé d'une peine de neuf ans de pénitencier lundi. Mais parce qu'il a été passé à tabac par des agents correctionnels et n'a été soigné qu'un an plus tard, Roody Louis a échappé à une sentence plus sévère.

Le 14 décembre 2015, Roody Louis est en réclusion pour un manquement disciplinaire à la prison de Rivière-des-Prairies, à Montréal. Vers 2h du matin, six agents correctionnels le réveillent. Selon la défense, l'accusé reçoit une bonbonne de gaz, des coups dans le visage et un coup de pied dans les dents, parce qu'il n'«obéit pas assez rapidement aux instructions». Il a trois dents brisées. Or, il ne voit pas de dentistes avant mai 2017, environ 18 mois plus tard. 

La plainte de Roody Louis au Protecteur du citoyen, un ombudsman indépendant, n'aboutit pas, parce qu'il n'y a aucun enregistrement vidéo de l'intervention «en raison d'une erreur d'un membre de l'équipe de l'intervention». Néanmoins, le juge Stephen Hamilton de la Cour supérieure a cru le témoignage «clair» de l'accusé sur cet incident, lequel est en partie confirmé par le rapport du Protecteur du citoyen. «Pour cette raison», Roody Louis a reçu une peine à la limite inférieure de la fourchette de 9 à 12 ans pour ce «quasi-meurtre». En raison de sa détention préventive comptée à temps et demi, il ne lui reste que 3 ans et 8 mois à purger.

Accusé du meurtre prémédité de James Bustillo, Roody Louis a été reconnu coupable d'une accusation moindre d'homicide involontaire au terme de son procès devant jury en mai dernier. Lors de la nuit du 9 février 2014, James Bustillo et sa conjointe marchaient sur la rue Saint-Dominique, à Montréal, vers 4h30 du matin, quand un homme a surgi dans l'obscurité et a poignardé la victime près du coeur.

«Le coup de couteau est volontaire et conscient. Le coup est fait avec force, une zone vitale est visée. M. Louis est l'instigateur, la victime marche paisiblement et ne cause aucune menace ou danger à M. Louis. [Il] a fui au lieu de porter secours à la victime. L'attaque a eu lieu dans le cadre d'une activité criminelle, soit le trafic de substances illicites et le mobile semble être une dette de 40 $», a déclaré le juge Hamilton en énumérant les facteurs aggravants. Deux jours plus tôt, les deux hommes, qui vendaient de la drogue sur le boulevard Saint-Laurent, avaient eu un conflit au sujet de cette dette. 

Roody Louis maintient toujours qu'il n'a pas tué la victime. En s'adressant au juge dans le box des accusés, l'homme vêtu d'un veston-cravate noir a indiqué avoir l'intention de porter l'affaire en appel. «La plupart de mes commentaires, ça va être pour mon appel, sinon je n'ai pas d'autres choses à dire», a-t-il murmuré, quand le juge l'a invité à s'adresser au tribunal.

Le ministère de la Sécurité publique n'avait pas encore commenté l'incident à la prison de Rivière-des-Prairies en début d'après-midi.