Le Québécois Ismaël Habib est condamné à neuf ans de pénitencier pour avoir tenté de rejoindre le groupe armé État islamique et pour avoir fait une fausse déclaration relative à un passeport.

La décision vient d'être rendue par le juge Serge Delisle de la Cour du Québec, au palais de justice de Montréal. Habib, barbe fournie et cheveux noués sur la nuque, a écouté la lecture du jugement sans réagir, le menton appuyé sur les mains. Il a ensuite quitté la salle de cour, chaînes aux chevilles et aux poignets.

«Son adhésion à l'idéologie de l'EI est totale. Il était prêt à tout pour aider l'EI à atteindre ses objectifs», a dit le juge.

Le magistrat a indiqué que seule l'absence d'antécédents judiciaires agit à titre de facteur atténuant pour Ismaël Habib. 

Le juge Delisle a expliqué ne pas pouvoir évaluer les chances de réhabilitation du condamné, notamment parce que celui-ci n'a pas témoigné lors des représentations sur la peine cet été. Habib, qui aura 30 ans en novembre, a été trouvé coupable en juin au terme de plusieurs semaines de procès. La couronne fédérale demandait neuf ans derrière les barreaux, huit pour la tentative de quitter le Canada pour participer à une activité terroriste et un pour la fausse déclaration de passeport. C'est exactement ce que le juge a imposé. La défense suggérait six ans et demi.

«C'est un message de dissuasion et de répression qui est envoyé par la cour», a déclaré le procureur de la couronne fédérale Me François Blanchette.

Habib est le premier adulte canadien à être condamné au terme d'un procès en vertu de l'article 83.181 du Code criminel. Le dossier constituait un test important pour le système judiciaire et pour les méthodes d'enquête des corps policiers. La décision du juge Delisle fera jurisprudence.

«N'eût été l'intervention de la GRC, Ismaël Habib aurait intégré "l'un des groupes terroristes les plus fanatiques de la planète" (...) Le fait que les autorités aient déjoué les plans du délinquant ne diminuent en rien la gravité de l'infraction», a tranché le magistrat. 

Habib est derrière les barreaux depuis le 4 mars 2016. Ses journées de détention comptant chacune pour une journée et demie, il a déjà purgé 861 jours de sa peine.

Retour sur les faits

Ismaël Habib est allé en Syrie en 2013, où il aurait passé du temps avec des groupes djihadistes qui ne figurent pas sur la liste des entités considérées comme terroristes par le Canada.

De retour au Québec, M. Habib a fait plusieurs tentatives pour obtenir un faux passeport, se faisant notamment passer pour son frère jumeau. 

Depuis 2014, M. Habib a fait bon nombre de recherches sur l'internet à propos de l'EI, des armes, des cartes militaires de la Syrie et des moyens de quitter le Canada illégalement.

La femme et les deux enfants de M. Habib se trouveraient quelque part dans le territoire de l'EI.

Après le départ de sa femme, M. Habib a entrepris une relation avec une Gatinoise qui a porté plainte pour violence conjugale l'an dernier. M. Habib s'est fait prendre dans une opération d'infiltration de la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Il croyait traiter avec une organisation criminelle de passeurs et de faux passeports. Il a avoué à un agent infiltré son désir de rejoindre l'EI. 

Plus tôt cette semaine, il a été condamné à neuf mois de prison par une juge de Cour du Québec de Gatineau pour le dossier de violence conjugale. Il y a eu un procès distinct dans cette affaire.