Le procès devant jury d'une affaire de coup de poing au visage dans un bar dans l'est de Montréal, la nuit du Premier de l'an 2014, a connu une fin aussi prématurée que définitive, jeudi.

Après une journée et demie de procès, la Couronne a annoncé qu'elle retirait l'accusation, car elle ne se sentait plus en mesure de faire une preuve hors de tout doute de la culpabilité de l'accusé. Gino Gagnon, 27 ans, était accusé de voie de fait grave à l'endroit de Sylvain Grad, 53 ans. Ce dernier a témoigné pendant toute une journée cette semaine. Dès après, c'est son beau-frère, qui se disait témoin de l'événement, qui a témoigné. Or, les contradictions entre ces deux témoins étaient flagrantes et nombreuses. Tellement, que le juge Michel Pennou a suggéré à la procureure de la Couronne, Diane Mulinda-Uwase, de réévaluer le dossier, vu les témoignages entendus. Ce qu'elle a fait, avec la conclusion que l'on connaît.

Libre cette fois

Gino Gagnon est donc sorti complètement libre du palais de justice. Ce n'est pas la première fois qu'un coup de poing qu'il donne lui attire des ennuis avec la justice. Le 14 août 2009, vers une heure du matin, il avait donné un coup de poing à un homme de 35 ans, dans le stationnement d'un restaurant de l'est de Montréal. La victime est alors tombée par terre, s'est fracturé le crâne, et est décédée de sa blessure deux mois plus tard à l'hôpital. L'accusation de voie de fait grave s'était transformée en homicide involontaire. M. Gagnon avait finalement plaidé coupable et avait écopé trois ans de prison.

Une fête arrosée

Dans le cas qui nous occupe, les incidents sont survenus dans la nuit du 31 décembre 2013 au 1er janvier 2014, au bar l'Anjeu, dans l'est de Montréal. M. Grad s'y était rendu avec plusieurs membres de sa famille pour fêter le Nouvel An. Un peu avant la fermeture du bar, il aurait eu une brève altercation avec M. Gagnon devant les toilettes, en raison d'une alarme qui s'était déclenchée. M. Gagnon aurait répliqué en donnant un coup de poing au visage de M. Grad. Ce dernier a eu une fracture de l'os orbital gauche. Lors de son témoignage, M. Grad a assuré qu'il n'était pas ivre, ce fameux soir, n'ayant consommé que deux bières. Son beau-frère a pour sa part témoigné à l'effet que M. Grad était « chaud ».

Il appert que l'incident avait été filmé par une des 16 caméras vidéo de ce bar. Une policière l'a visionné à l'époque. Mais voilà, avant que la police ait pu obtenir l'enregistrement, celui-ci aurait été effacé par mégarde par les gens du bar.

Me Marc Labelle, qui défendait l'accusé dans cette affaire ne semblait pas surpris du dénouement du procès. Un dénouement qu'il juge tout à fait raisonnable dans les circonstances.

« Les deux témoins se sont contredits, et d'autres témoins à venir allaient rendre des témoignages en complète contradiction avec celui de la victime », a-t-il dit.

S'il avait eu à faire une défense, il aurait privilégié la légitime défense.