Alors que le métro entrait à la station Place-d'Armes, un homme de 42 ans, Éric Duchesne, a empoigné un pur inconnu par les bras et a fait mine de le jeter sur les rails avant de le retenir, vers 18 h 45, le 16 mars dernier. « Heille, je t'ai sauvé la vie », s'est ensuite vanté M. Duchesne.

« J'admets que j'ai fait une joke plate », a reconnu M. Duchesne, hier, avant de se voir imposer cinq mois de prison pour son geste, en Cour du Québec. Le juge Robert Sansfaçon lui a aussi interdit de se trouver dans une station de métro pour trois ans. Le magistrat a ajouté que s'il le pouvait, il lui interdirait également de « faire des jokes ».

M. Duchesne venait de plaider coupable à une accusation de voie de fait à l'endroit de la victime, un homme de 29 ans qu'il n'avait jamais vu auparavant. Après l'incident, le jeune homme a quand même pris le métro et est descendu à une autre station, où il est allé porter plainte à la police. L'incident avait été capté par une caméra du métro, si bien que M. Duchesne a été identifié et arrêté environ une semaine plus tard. Il est connu des policiers.

« C'est niaiseux, ce qu'il a fait, mais il a fait des niaiseries toute sa vie », a fait valoir le procureur de la Couronne, Yves Fortin, faisant allusion au dossier judiciaire bien garni de M. Duchesne. Il a beaucoup de violations de conditions. Le procureur estime que c'est la pire voie de fait qu'on puisse imaginer. « Je n'en reviens pas qu'un homme de cet âge-là fasse ça », a-t-il dit.

EN RIRE

Prenant la parole, M. Duchesne a assuré qu'il était non violent et affirmé qu'il regrettait son geste irréfléchi, un « geste d'adolescent. » Il s'est lancé dans un long laïus pour dire qu'il avait arrêté de prendre de la drogue il y a quatre ans, qu'avant, il était irresponsable, mais qu'il avait beaucoup travaillé sur lui-même en thérapie. Ce fameux jour de mars, il s'en allait travailler, il avait mélangé alcool et médicaments. Il a décidé de faire cette « joke » et a expliqué qu'après l'incident, il était entré dans le même wagon que le type pour se justifier. Dans son idée, ils riraient de la blague et ils pourraient même aller prendre une bière ensemble. Manifestement, la victime n'avait pas la même vision de la chose.

Avec le recul, M. Duchesne évalue que lui aussi se serait senti intimidé, s'il s'était fait faire cette « joke ».

M. Duchesne a écopé d'un mois supplémentaire pour s'être trouvé dans le métro le 19 avril dernier, alors que cela lui était interdit.