Un enseignant suppléant de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), Érik Cossette, a été accusé vendredi dernier de plusieurs chefs liés à la pornographie juvénile et au trafic de drogue. Fait inusité, il aurait été le meilleur ami et le colocataire en 1989 de Marc Lépine, l'auteur de la tuerie de Polytechnique.

L'homme de 51 ans a été arrêté jeudi dernier par les policiers de la Section des crimes majeurs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Les enquêteurs ont saisi des milliers d'images de pornographie juvénile dans l'ordinateur d'Érik Cossette, résidant du quartier Villeray. Selon nos sources, il ne détenait aucune photo d'élèves de la CSDM.

Le suspect sans antécédents judiciaires a été accusé de possession, d'accès et de distribution de pornographie juvénile, ainsi que de possession de stupéfiants en vue de faire le trafic. Érik Cossette a été libéré sous conditions et n'a pas le droit d'être en présence de mineurs de moins de 16 ans.

L'enseignant suppléant a travaillé dans plusieurs écoles de la métropole. Or, impossible de savoir quelles sont ces écoles, puisque la CSDM a refusé de commenter l'affaire. Le porte-parole de la CSDM Alain Perron a toutefois affirmé au Journal de Montréal qu'Érik Cossette ne travaillait plus à la commission scolaire.

Les policiers recherchent de potentielles victimes d'Érik Cossette. « En raison de son emploi dans des écoles, qui lui a permis d'être en contact avec des personnes mineures, on demande à toute personne qui aurait été victime de contacter les policiers », a indiqué Jean-Pierre Brabant, porte-parole du SPVM.

UN BON AMI DE MARC LÉPINE

L'homme accusé vendredi ressemble comme deux gouttes d'eau au jeune Érik Cossette qui avait accordé une entrevue à La Presse en 1999 pour le 10e anniversaire de la tuerie de la Polytechnique. Nous n'avons toutefois pas été en mesure de confirmer qu'il s'agissait bien du même Érik Cossette. L'âge de l'accusé et son parcours scolaire sur Facebook concordent néanmoins avec ceux de Marc Lépine.

Les deux hommes s'étaient connus à l'école secondaire dans l'ouest de Montréal. « C'est devenu un bon ami. Marc était très généreux. C'était avant tout un jeune homme extrêmement intelligent et rationnel », avait-il raconté à La Presse. En 1988, les deux amis étaient devenus colocataires. « Je voyais bien qu'il était triste, mais nous ne parlions jamais de nos émotions malgré l'amitié qui nous liait », racontait à l'époque Érik Cossette. Marc Lépine a commis son acte de folie pendant que son colocataire effectuait un long voyage à l'étranger.

Dans cette rare entrevue de 1999, Érik Cossette disait travailler comme « éducateur auprès d'enfants qui connaissent des troubles d'apprentissage et de comportement ». Il ne défendait aucunement les 14 meurtres de son ami, mais insistait sur son enfance « d'une brutalité dévastatrice » et la violence extrême de son père. « Je ne cherche pas à l'excuser, ce qu'il a fait n'est pas excusable. Mais lorsqu'on connaît les drames qui ont marqué son enfance, on comprend mieux comment il a pu en arriver là », avait soutenu M. Cossette.

Photo Bernard Brault, Archives La Presse

L'homme accusé vendredi ressemble comme deux gouttes d'eau au jeune Érik Cossette, ex-colocataire de Marc Lépine, qui avait accordé une entrevue à La Presse en 1999 pour le 10e anniversaire de la tuerie de la Polytechnique.