La militante montréalaise Neda Topaloski, la première Femen à subir un procès au Canada, a été acquittée mardi des trois chefs d'accusation de tapage et de vandalisme auxquels elle faisait face pour des gestes commis dans un événement public en marge du Grand Prix de Formule 1 de 2015.

«Je suis acquittée!!! #FEMEN vient de gagner son premier procès au Canada: la liberté d'expression l'emporte!», s'est réjouie Neda Topaloski sur Twitter. Son avocate, Me Véronique Robert, a salué la longue décision de la juge de Cour municipale Guylaine Lavigne, rendue oralement pendant 45 minutes.

« C'est une belle décision, une décision très étoffée. La juge a bien expliqué sa position, elle a bien résumé les arguments juridiques des deux parties et elle a décidé que les gestes de ma cliente étaient préservés par le droit de manifester et par le droit à la liberté d'expression», soutient-elle, en entrevue avec La Presse.

Neda Topaloski et une autre activiste Rocio Valencia avaient fait un coup d'éclat, le 4 juin 2015, pour dénoncer l'exploitation sexuelle de la femme pendant le Grand Prix de Formule 1. Les deux militantes avaient alors interrompu l'événement Pit Stop Challenge sur la rue Crescent en scandant des slogans féministes, seins nus.

Neda Topaloski avait ensuite grimpé sur un véhicule de course pendant quelques secondes, sous les regards amusés de la foule. Puis, elle avait été violemment traînée au sol par deux agents de sécurité. Neda Topaloski avait été accusée par voie sommaire de tapage et de vandalisme.

La juge Lavigne a déterminé que la preuve n'établissait pas que Neda Topaloski avait brisé le miroir du luxueux véhicule. « Elle a fait bénéficier ma cliente du doute raisonnable, c'est-à-dire qu'elle n'a pas de preuve hors de tout doute raisonnable que [ma cliente] a abîmé la voiture en question», explique Me Robert.

D'autre part, Neda Topaloski n'a pas troublé la paix publique en manifestant bruyamment devant quelques centaines de personnes. «La juge a retenu qu'elle n'avait importuné personne, que tout le monde était amusé plutôt qu'importuné et qu'elle n'avait pas causé ce qu'on appelle un dérangement, au sens d'une entrave de la jouissance. Les gens n'ont pas été entravés dans leur liberté», précise Me Robert.

Toutefois, l'avocate n'a pas réussi à convaincre la juge d'arrêter les procédures en raison de l'arrestation illégale de sa clientèle. « On a perdu cette requête-là, parce que la compagnie qui a arrêté ma cliente était une compagnie de sécurité privée et la juge a décidé que la Charte ne s'appliquait pas aux compagnies de sécurité privée. Son jugement est bien étoffé sur cet aspect-là», explique l'avocate de Neda Topaloski. Une version écrite du jugement n'était pas disponible mardi.

Notons que la militante Rocio Valencia n'a pas encore subi son procès.