Pour son implication de premier plan dans le scandale des commandites, Jacques Corriveau, ex-organisateur libéral, a été condamné à quatre ans de prison, mercredi matin, à Montréal. En imposant la peine, le juge Jean-François Buffoni a fait valoir que la sentence devait être exemplaire.

L'homme de 84 ans est aussi condamné à payer une suramende compensatoire de 1,5 million de dollars. L'homme a un délai de dix ans pour payer. Cette somme s'ajoute aux actifs déjà saisis par l'État. En tout, la peine monétaire tourne autour de trois millions.

Avant de prononcer la peine, mercredi, le juge a demandé à M. Corriveau s'il avait quelque chose à dire. « Non », a répondu ce dernier. Quand le juge a eu fini d'imposer la peine, M. Corriveau a été menotté dans le dos, avant d'être mis dans le box des accusés.

« On ne peut rien faire, c'est ça la justice », a murmuré l'octogénaire.

Dans la salle d'audience, sa conjointe avait peine à cacher sa déception et sa frustration. « Je crois que tu es le meilleur homme du monde. Je t'aime mon amour », a lancé la femme, avant de ramasser ses affaires avec brusquerie.

M. Corriveau a été accusé longtemps après les faits, qui se sont produits entre 1997 et 2003. Son procès devant jury s'est ouvert en septembre dernier. Le 1er novembre, le jury l'a déclaré coupable de trafic d'influence, fabrication de faux documents et recyclage des produits de la criminalité. Dans le cadre du programme des commandites, il réclamait 17,5 % en commissions quand il intervenait pour faire obtenir des contrats. Par le biais de son entreprise Pluri-Design, il a fait des fausses factures pour des services fictifs. Il a ainsi récolté personnellement environ sept millions de dollars entre 1997 et 2003.

Le procureur de la Couronne Jacques Dagenais a reconnu que la peine imposée est « assez rigoureuse », lui qui demandait entre trois et cinq ans. « Ça a été un des participants les plus importants, je dirais qu'il a été la bougie d'allumage du problème des commandites, au niveau du trafic d'influence », de dire Me Dagenais.

Le procureur Dagenais est d'accord avec le juge à l'effet qu'une peine exemplaire s'imposait. « Il y a eu une époque où les tribunaux sortaient de leurs gonds pour des crimes de violence, tandis que pour les crimes de fraudes au-delà du million, des fraudes bancaires, il y avait des sentences vraiment légères. Cela nous scandalisait, nous, les procureurs de la Couronne. Cette époque est révolue. »

Me Gérald Soulière, qui représente M. Corriveau ne cachait pas sa déception. « On est très déçus, la sentence est très sévère. On a déjà porté le verdict en appel. On va se présenter en Cour d'appel aujourd'hui, pour demander à ce que M. Corriveau soit remis en liberté le plus rapidement possible. Fort probablement qu'éventuellement, on va aussi en appeler de la peine. »