L'ancien organisateur libéral Jacques Corriveau a été déclaré coupable des trois accusations portées contre lui, pour son implication dans le scandale des commandites.

L'homme de 83 ans n'a pas bronché au moment du verdict, mais selon son avocat, Gérald Soulière, qui s'est entretenu avec lui, après le verdict, il est «atterré».

«Plus tu es vieux, plus les coups sont durs à prendre», a réagi l'avocat.

Le jury de huit hommes et quatre femmes a délibéré pendant cinq jours pour arriver à un verdict unanime. M. Corriveau était accusé de trafic d'influence, fabrication de faux et blanchiment d'argent. Le ministère public lui reprochait d'avoir empoché environ 7 millions de dollars, entre les années 1997 et 2003, en agissant comme intermédiaire dans l'attribution des commandites. Celui qui était proche du premier ministre Jean Chrétien et qui avait ses entrées à Ottawa, réclamait 17,5% des sommes accordées.

Le procureur de la couronne Jacques Dagenais n'était pas surpris du verdict. Selon lui, la preuve était «blindée.» Il n'a pas voulu indiquer la peine qu'il compte demander. Les représentations à ce sujet auront lieu plus tard en novembre. D'ici là, M. Corriveau demeure en liberté.

La maison de M. Corriveau à Saint-Bruno-de-Montarville, de même qu'une somme de près d'un million, font l'objet d'une ordonnance de blocage. En raison de cette ordonnance, M. Corriveau n'a «accès à rien» et vit de façon très «sobre», selon son avocat.

Délais  

Les faits se sont passés il y a vingt ans, mais ce n'est qu'en 2013 que M. Corriveau a été accusé. Me Soulière compte invoquer les délais, dans l'évaluation de la peine. 

Mais justement, comment expliquer un si long délai entre les faits et la mise en accusation?

«L'enquête de la GRC a commencé après la commission Gomery, et elle s'est terminée en 2011, d'expliquer Me Dagenais. Il y avait des documents très compromettants qui nous sont parvenus et qui étaient sous le sceau de la confidence. Cette confidentialité là a été levée en 2013 et on a déposé les accusations à ce moment là. Donc effectivement, ça a été très long. Ce n'est pas le genre de situation qu'on aime. Personne n'aborde ça avec enthousiasme de faire une cause comme celle-là, pratiquement 20 ans après les faits. C'est difficile pour les témoins, c'est difficile pour tout le monde.»

M. Corriveau a été un acteur important du scandale des commandites, mais il est le dernier à être jugé. 

«C'est le dernier chapitre du scandale des commandites», a convenu Me Dagenais.