Pour avoir jeté son ex-conjointe dans le vide à partir d'un balcon du troisième étage, Richard Trottier a été déclaré coupable de tentative de meurtre, hier, à Montréal.

L'accusé niait avoir agi ainsi et prétendait qu'il s'agissait d'une tentative de suicide de la part de son ex-conjointe, ce que le juge Yvan Poulin n'a pas cru. Le magistrat a plutôt retenu la version de la victime, Marie-Josée Truchon, qui était appuyée par la preuve. Il est à noter que l'accusé comme la victime sont malentendants et communiquent par signes.

L'incident est arrivé dans la nuit du 5 au 6 juillet 2010, rue Notre-Dame Ouest, à l'endroit où Mme Truchon habitait. M. Trottier, son ex-conjoint et père de leur enfant, y était en visite. L'homme était de mauvaise humeur et il s'est querellé avec Mme Truchon, de même qu'avec leur fils, qu'il a frappé avec une bouteille vide. Vers minuit, le petit a téléphoné à sa grand-mère pour s'en plaindre, et celle-ci est venue chercher l'enfant. Elle a dit à M. Trottier que la prochaine fois qu'il frapperait l'enfant, c'est à elle qu'il aurait affaire.

Resté seul avec son ex-conjointe, M. Trottier s'est disputé avec elle et l'a menacée. Au milieu de la nuit, Mme Truchon est sortie sur le balcon pour fumer et boire un café. Quand elle a voulu revenir à l'intérieur, la femme, qui mesure à peine 4 pi 7 po, s'est sentie soulevée de terre et a été projetée dans le vide. En essayant de s'agripper aux barreaux du balcon, elle a vu, l'espace d'un instant, le visage de son ex-conjoint. La femme s'est écrasée au sol, sans connaissance.

Séquelles

C'est un voisin qui a appelé les secours. M. Trottier est arrivé au chevet de la femme lui aussi en criant « police, police ! »

Mme Truchon a été dans le coma pendant cinq jours et elle a passé plusieurs semaines à l'hôpital, au cours desquelles elle a subi des interventions. Elle a ensuite fait de la réadaptation. Elle garde des séquelles de l'incident.

Quelques mois plus tard, l'accusé et la victime se sont croisés dans une soirée à la Maison des sourds. M. Trottier, qui avait beaucoup bu, s'est agenouillé devant Mme Truchon et lui a dit en langage des signes : « Je m'excuse, je t'ai lancée, c'est de ma faute. »

Il est à noter que ce n'est qu'en 2012 que M. Trottier a été accusé pour cette affaire.

Les parties se reverront cette semaine pour fixer une date pour les plaidoiries sur la peine. La procureure de la Couronne Sylvie Dulude demandait à ce que M. Trottier soit incarcéré sur-le-champ, alors que l'avocat de celui-ci, Nicolas Welt, s'y opposait. Le juge a décidé de laisser M. Trottier en liberté en attendant la suite des procédures.