Chaque matin quand il se brosse les dents et qu'il se regarde dans le miroir, Richardson François voit son visage défiguré par l'acide, avec ce qui lui reste de vue. C'est ce que lui a rapporté son dernier vol dans une bijouterie de Parc-Extension, le 22 janvier 2013.

«Au début j'avais de la frustration, mais par la suite j'étais frustré envers moi-même. Je ne peux pas en vouloir à personne. C'est moi qui me suis dirigé dans leur vie», a fait valoir l'homme de 31 ans, mercredi, alors qu'on discutait de la peine à lui imposer. Il a plaidé coupable pour ce vol qualifié extrêmement brutal qu'il a commis avec un complice, Jerry Theodore. Celui-ci aussi a plaidé coupable. Les deux hommes ont connu leur Waterloo quand ils se sont présentés à la bijouterie en question, ce fameux jour de janvier 2013. L'un avait une arme à feu, l'autre avait une machette. Ils ont fait semblant de regarder les bijoux, puis sont passés à l'attaque. Les employés ont résisté, et ont réussi à les désarmer. Un employé a eu le réflexe de lancer un bac d'acide destiné à nettoyer les bijoux au visage d'un des voleurs. Il s'agissait de Richardson François. Les deux ont réussi à s'enfuir finalement, mais ont été arrêtés dans la journée.

Autre bijouterie 

Richardson avait eu plus de chance avec son vol précédent, qu'il avait effectué dans une bijouterie de Laval, en octobre 2012. Cette fois aussi il était accompagné d'un complice, qui n'a jamais été identifié à ce jour. Les deux hommes s'étaient montrés brutaux et avaient raflé pour 150 000 $ de bijoux. Parallèlement, Richardson finissait un DEP en construction, pour lequel il recevait des prêts et bourses. Cet argent passait en drogue, a-t-il admis, mercredi.

Richardson François met ses problèmes sur le fait qu'il prenait de la drogue à l'époque. Et puis il était dans une mauvaise passe parce que sa conjointe l'avait laissé. Aujourd'hui, il jure qu'il veut rentrer dans le droit chemin et devenir un modèle pour son fils.

Sceptique 

Le procureur de la Couronne Pascal Dostaler est sceptique. Il a rappelé que Richardson a été condamné pour un homicide survenu en janvier 2006. Ce qui lui avait valu de passer cinq ans en prison. Il l'a confronté au fait qu'il était membre d'un gang de rue, les bleus. L'accusé s'est défendu, a soutenu qu'il en connaissait, mais n'en faisait pas partie. Depuis qu'il a 18 ans, quand il se retrouve en prison, on le place automatiquement dans la section réservée aux bleus, a-t-il fait valoir. Me Dostaler a aussi fait ressortir que depuis trois ans, il a accumulé 14 rapports disciplinaires en prison.

La suite des observations sur la peine aura lieu en juin, devant la juge Hélène Morin.