Faisant ressortir que Stéfanie Trudeau ne reconnaît toujours pas sa culpabilité pour les incidents du 2 octobre 2012, le procureur de la Couronne Jean-Simon Larouche a suggéré, mardi, de lui imposer une condamnation avec sursis de 12 mois et 60 heures de travaux communautaire, suite à sa condamnation pour voie de fait.

Me Jean-Pierre Rancourt estime pour sa part que sa cliente devrait obtenir une absolution. Il est normal qu'elle ne reconnaisse pas sa culpabilité et n'ait pas de remords, puisqu'elle est en appel du verdict, a-t-il dit. Par ailleurs, maintenant retraitée du SPVM, à seulement 44 ans, Mme Trudeau envisage de travailler comme agent de sécurité. Une condamnation saperait ses chances d'obtenir un emploi. Et puis, elle aimerait pouvoir continuer à aller aux États-Unis en famille sans les problèmes qu'entraîne une peine autre qu'une absolution.

C'est ce qui se dégage de l'audience qui s'est tenue, mardi, devant le juge Daniel Bédard. Le magistrat rendra sa décision jeudi. D'ici là, il veut prendre connaissance des documents qui lui ont été remis, notamment trois rapports psychiatriques réalisés à l'endroit de Mme Trudeau. Me Rancourt a abondamment parlé de l'impact négatif que toute cette histoire avait eu sur la vie de Mme Trudeau. À titre d'exemple, elle a dépensé 5000 $ pour faire poser des vitres pare-balles à sa résidence, en raison de menaces. L'avocat a aussi parlé de la grande médiatisation dont Mme Trudeau a été l'objet. Le juge Bédard a alors mentionné sa préoccupation du fait que Mme Trudeau avait elle-même gardé les choses sur la place publique. Il faisait alors allusion au fait qu'elle avait publié un livre à ce sujet. «Pendant deux ans, ma cliente n'a jamais parlé», a réagi Me Rancourt, avant de dire qu'au Salon du livre, elle beaucoup de gens venaient la féliciter.

Pour une bière  

Les faits pour lesquels Mme Trudeau a été déclarée coupable se sont produits le 2 octobre 2012, devant le 4381 avenue Papineau, un lieu qui servait de logement et d'atelier d'artistes. La policière Stéfanie Trudeau, qui était en patrouille avec un jeune policier, ce soir-là, a apostrophé un homme (Rudi Ochietti) qui avait une bière à la main, vers 21h15, devant le local. «Hey toé», lui a-t-elle lancé, avant de lui demander ses papiers. M. Ochietti avait demandé pourquoi, et les choses avaient dégénéré. Elle était ensuite partie aux trousses de Serge Lavoie, un ami de M. Ochietti, qui l'avait insultée en la traitant de «grosse niaiseuse» qui ne savait pas vivre. La policière avait rattrapé M. Lavoie et lui avait fait une prise d'encolure tout en descendant les marches. Une grande partie de l'intervention a été filmée. Au final, trois personnes avaient été s'étaient retrouvées avec des promesses de comparaître pour entrave, mais les accusations ont été abandonnées par la suite.  C'est la policière qui s'est retrouvée au banc des accusés pour voie de fait simple à l'endroit de M. Lavoie. 

En février dernier, après avoir écouté toute la preuve, le juge Bédard avait conclu que c'est «l'interpellation maladroite et brusque» de Mme Trudeau qui avait été l'élément déclencheur ce fameux soir. Il a considéré que la policière avait arrêté illégalement M. Ochietti, et qu'elle avait fait usage d'une force excessive, démesurée, et mal avenue. «À compter du moment où l'accusée empoigne Ochietti, jusqu'à l'arrestation de Lavoie sur le palier de l'entrée, elle agit illégalement et commet des voies de fait contre Serge Lavoie», avait conclu le juge.