Michel Duchaussoy se promenait avec un fusil de chasse tronçonné le 19 novembre 2013, parce qu'il voulait tuer quelqu'un. Sa vie misérable et le fait qu'il ait pu regretter après coup d'avoir tué le chauffeur de taxi Ziad Bouzid, n'est ni une excuse, ni une défense. Il s'agit d'un meurtre prémédité.

C'est, en résumé, ce que la procureure de la Couronne Geneviève Dagenais a fait valoir, jeudi, alors qu'elle plaidait au procès de M. Duchaussoy. Elle a invité le jury à déclarer l'accusé coupable de l'accusation qui a été portée contre lui, soit meurtre au premier degré.

Le dernier client

M. Bouzid, un père de famille, a été tué dans son taxi d'une balle en plein visage, en début de nuit du 20 novembre 2013. Un peu plus tôt, il était allé cueillir Michel Duchaussoy et la conjointe de celui-ci, dans un Tim Hortons de Dorval. Le couple s'est fait conduire dans Côte-des-Neiges. M. Duchaussoy savait qu'il n'avait pas d'argent pour payer. En fait, il n'avait plus de travail, plus de toit, et plus un sou. Mais il avait un douze tronçonné dans une boîte, dans un sac. Arrivé à destination, assis derrière le chauffeur, il n'avait pas assez de place pour sortir son douze, a suggéré Me Dagenais. Il a tiré ainsi, à travers la boîte, dans le siège du chauffeur. Miraculeusement, le chauffeur n'a pas été touché. Il s'est probablement viré vers Duchaussoy en demandant ce qui se passait. Celui-ci a sorti son arme de la boîte, l'a «pompée» et a tiré au visage du chauffeur. Ce dernier n'a eu aucune chance. Il a eu tout le côté gauche du visage arraché, a indiqué Me Dagenais, en précisant que du liquide oculaire avait été retrouvé sur le rétroviseur.

Duchaussoy et sa conjointe se sont enfuis. La femme était horrifiée par ce qui venait de se produire. Elle a dénoncé Duchaussoy dans la journée. Celui-ci s'est livré le jour suivant, parce qu'il n'avait pas le choix, a insisté la procureure. Il était activement recherché, et avait vu sa «face à la TV.»

Modifié

L'accusé a fait une déclaration qui a duré cinq heures après son arrestation. Me Dagenais est d'avis qu'il en a enlevé des bouts, et en a rajouté des bouts, pour minimiser sa responsabilité, faire croire que ce n'était pas prémédité. La scène de crime et l'ensemble de la preuve pointent selon elle vers un meurtre prémédité.

Cet après-midi, ce sera au tour de l'avocate de la défense, Elfriede Duclervil, de plaider. Il est à noter que l'accusé n'a pas témoigné ni présenté de défense.