Neuf élèves coréens venus à Montréal en payant le prix fort pour étudier dans des écoles prestigieuses auraient en réalité suivi très peu de cours, étant plutôt laissés à eux-mêmes et contraints au silence. Leurs parents avaient fait affaire avec L Montreal, des consultants « en études ».

Cho Jeong Wan, 63 ans, et son fils, Kim Kang, 36 ans, qui tenaient cette agence à Montréal, ont plaidé coupable à des accusations de fraude et séquestration dans cette affaire. Le Ministère public évalue que la fraude, commise entre 2012 et 2015, serait de plus de 2 millions. La séquestration vient du fait que les jeunes ne pouvaient pas communiquer avec leurs parents comme ils le voulaient, et ils devaient signer des « contrats de silence », les empêchant de dévoiler ce qui se passait réellement.

Ce qui ressort de ce dossier, c'est que les diplômes nord-américains sont très bien vus en Corée, et constituent aux yeux des parents un gage de réussite pour l'avenir. Les parents, pas nécessairement riches, étaient prêts à se priver et à s'endetter pour que leur rejeton vienne étudier ici.

« Ma fille travaillait bien en Corée, mais je voulais lui donner un environnement plus favorable et de bonnes conditions. Je me disais que si elle finissait des études supérieures au Canada, elle pourrait faire beaucoup de choses dans le monde », a dit une mère éplorée, qui a témoigné depuis la Corée, par le truchement de la vidéoconférence. Sa fille est restée trois ans et demi au Canada. Pendant deux de ces trois années, elle n'est pas allée à l'école. Elle restait à la maison, et devait étudier à partir de livres que lui remettait Kim Kang.

UN PÈRE ALERTE LA POLICE

La plupart des parents ont payé plus de 200 000 $ pendant ces trois années pour les études et le séjour de leur enfant. L'âge des neuf enfants s'échelonne entre 11 et 20 ans, et les études allaient du primaire à l'université, en passant par l'école secondaire et le collège. Au début, ils vivaient dans une maison de l'île des Soeurs. Plus tard, c'était dans un hôtel.

L'affaire a éclaté à l'été 2015, après qu'un père eut alerté la police en Corée, parce qu'il n'avait plus de nouvelles de son enfant. La GRC, puis la police de Montréal ont été alertées. Mme Cho et son fils ont été arrêtés en juillet, à Montréal, et sont détenus depuis. Ils ont plaidé coupable en décembre, et on est actuellement à l'étape des représentations sur la peine. Me Maria Guistina Corsi représente la Couronne, tandis que Mes Anna Levin et Jordan Trevick défendent les accusés. Le juge Serge Delisle entend l'affaire.

Kim Kang devrait témoigner aujourd'hui.