À 16 ans, Karine se rendait à l'évidence: Maxime Roussy ne laisserait jamais sa famille pour elle. Et voilà qu'en plus, l'écrivain de 35 ans semblait s'intéresser à d'autres adolescentes. Le 11 mars 2011, Karine (non fictif) l'a dénoncé à la police.

C'est ce qui ressort du témoignage que Karine a livré, vendredi matin, au procès de Roussy. L'homme, qui a maintenant 40 ans, est accusé de leurre par ordinateur, pornographie juvénile, contacts sexuels et agression sexuelle armée à l'égard de la jeune fille. Selon la preuve présentée jusqu'ici, Karine et Roussy ont entretenu une liaison entre 2006 et 2011. Les discussions d'ordre sexuel qui avaient commencé sur le web ont engendré des rencontres réelles dans des chambres de motel à 11 reprises, entre novembre 2008 et novembre 2010. Roussy a défloré la jeune fille, et l'a entrainée dans le sexe « hard » et le sadomasochisme.

En plus de tout consigner dans son journal personnel, même la marque des voitures que Roussy louait, Karine faisait des captures d'écran de leurs échanges sur le web, à l'insu de l'écrivain.

Le déclin

Vendredi, Karine, qui a maintenant 21 ans, a raconté que sa vie allait mal à l'automne 2010. Elle était hospitalisée à Sainte-Justine en raison de sa relation avec Roussy « qui n'allait nulle part », et aussi pour des problèmes dans sa propre famille, a-t-elle dit.

La fin de semaine des 19 et 20 novembre 2010, elle avait congé de l'hôpital et elle avait convenu avec Roussy qu'ils se verraient dans le cadre du Salon du livre de Montréal. Ils ne s'étaient pas vus depuis l'été.

Karine est effectivement allée passer la nuit du 19 au 20 avec Roussy, dans sa chambre d'hôtel. C'était plus froid que d'habitude. Karine était affectée parce que Roussy avait parlé au téléphone avec sa conjointe, et il l'avait appelée « mon amour. » Ils ont eu des relations sexuelles, mais moins « hardcore » que d'habitude, a-t-elle fait valoir. Elle a pleuré pendant la nuit, et lui, il ronflait.

C'est la dernière fois qu'ils ont eu une relation sexuelle. Karine a rompu avec Roussy, mais s'estimant incapable de continuer sans lui, elle l'a recontacté. Ils ont recommencé comme avant, à se faire des scénarios sexuels en discutant sur le web.

Le 10 mars 2011, lors d'une conversation, Roussy a signalé qu'il passait des auditions à des jeunes filles âgées entre 12 et 14 ans,  qu'il y avait de belles ados, et il a parlé de grosseur des seins.

« T'es pas pédo un peu », lui a lancé Karine, fâchée.

Roussy a rétorqué qu'il niaisait.

« Ben oui, te connaissant tu niaises pas pantoute. T'es manipulateur, t'es dans la merde Max », a répondu Karine.

« Je me rendais compte qu'il n'était pas sincère, a témoigné Karine. Je lui disais que j'allais le dénoncer. Je ne voulais pas qu'il fasse la même chose à d'autres filles. Le lendemain, j'ai appelé la police. »

Le procès se poursuit devant la juge Dominique Joly. Karine en est à son cinquième jour de témoignage. Assis dans la première rangée de la salle d'audience, Roussy, populaire auteur de romans jeunesse, prend des notes.