Les conversations anodines sur le web entre l'écrivain jeunesse Maxime Roussy et une adolescente qui l'admirait, ont dévié vers le sexe, pour aboutir en des séances torrides de sadomasochisme dans des chambres de motel.

C'est ce qu'une jeune femme a raconté, lundi, alors que s'ouvrait le procès de M. Roussy, auteur de livres jeunesse. L'homme de 40 ans est accusé de leurre sur l'internet, ainsi que de six accusations à caractère sexuel à l'endroit de cette jeune femme, incluant agressions sexuelles armées. Les faits se seraient produits à différentes reprises entre novembre 2008 et novembres 2010. La victime alléguée avait 14 ans lorsqu'elle aurait eu ses premières relations sexuelles avec Roussy, alors que se tenait le Salon du livre à Montréal.

Rencontres

Intéressée par la littérature, celle que nous appellerons Karine, était grande fan de Roussy. Elle l'a rencontré une première fois en 2005 au Salon du livre, alors qu'elle avait 11 ans. Elle a commencé à échanger avec lui sur un forum et sur un blogue. De fil en aiguille, en 2007, il en est venu à faire des blagues, en lui demandant notamment si elle était pubère, a-t-elle raconté. Elle est tombée amoureuse de Roussy, et les propos ont dérivé vers le sexe. Il la trouvait mature pour son âge. Elle se souvient que lui voulait avoir des rapports avec elle, mais que son jeune âge le faisait hésiter. Ils savaient tous deux qu'une relation serait illégale.

Ça s'est finalement passé les 21 et 22 novembre 2008, alors que Roussy était à Montréal pour le Salon du livre. Il lui a fait des attouchements le 21 novembre, et le lendemain, il l'a amenée au motel Métro, rue Lajeunesse. La jeune fille y allait bien sûr à l'insu de ses parents.

D'autres séances, 11 en tout, ont eu lieu dans des hôtels et motels de Québec et Montréal, selon son témoignage. Entre cela, ils échangeaient abondamment sur le web, à raison de quatre fois par semaine en général.

Objets sexuels

La jeune femme qui témoigne avec aplomb, précision et presque avec froideur, a raconté que Roussy utilisait divers objets dans le cadre de leurs rapports sexuels: une ceinture, des épingles à linge qu'il lui mettait sur les seins et ailleurs, une règle, une chandelle, des boules chinoises, et même la poignée d'une douche d'un motel.

En couple

Roussy, résidant de Chicoutimi, était en couple et avait trois enfants avec sa conjointe. Il avait aussi une fille issue d'une union précédente. Selon Karine, il disait qu'il allait laisser sa famille pour se retrouver avec elle, quand elle aurait 18 ans. Elle le croyait et espérait.

« On parlait de partir en road trip à mes 18 ans. On allait avoir une maison et un enfant », a-t-elle dit.

Mais la jeune fille a perdu ses illusions en 2010. En novembre, alors qu'elle se trouvait dans une chambre de motel avec Roussy, celui-ci a parlé longuement avec ses filles et sa conjointe. Karine en était perturbée. Elle s'est rendue compte qu'il ne laisserait pas sa famille pour elle.

Par ailleurs, Roussy passait des auditions à des adolescentes de 12 à 14 ans pour tenir le rôle de Namasté, un personnage qu'il avait créé. « Il m'a dit qu'il la choisirait pour sa beauté et la grosseur de ses seins. C'est ça qui m'a poussée à le dénoncer. Je réalisais que ce n'était pas juste moi qui l'intéressais », a raconté la jeune femme.

Le procès devant la juge Dominique Joly se poursuit. Me Caroline Dulong occupe pour la Couronne, tandis que l'accusé est défendu par Me Valentina Corsetti.