Osborne Anthony, proche du défunt caïd Ducarme Joseph, a été condamné à 40 mois de pénitencier pour possession d'arme la semaine dernière.

Anthony, 39 ans, qui est paraplégique depuis qu'il a reçu une balle dans le dos en 2009, a été arrêté le 12 juillet 2012, alors qu'il se trouvait avec Joseph et un autre individu lié aux gangs de rue, Lamartine Sévère Paul. Fait à noter, ces deux hommes ont été tués depuis. Lamartine Paul, à peine un mois plus tard, vraisemblablement pour avoir refusé de prendre part à une fusion des gangs de rue à Montréal, et Ducarme Joseph, en août 2014, visiblement victime de la vengeance de l'ancien parrain Vito Rizzuto.

Lorsque les policiers sont intervenus auprès des trois hommes pour du grabuge près d'une salle de gym le 12 juillet 2012, Osborne Anthony a dit aux policiers que son sac à dos contenait des excréments et des vêtements souillés, vraisemblablement pour ne pas qu'ils le fouillent. Mais les patrouilleurs l'ont fait tout de même et y ont trouvé une arme de poing chargé de quatre balles. Anthony a été arrêté et accusé de possession d'arme et de bris d'ordonnance. Il a plaidé coupable en novembre dernier, au premier jour de son procès. Lors des représentations sur sentence, il a dit avoir caché l'arme pour le compte de Ducarme Joseph mais ce dernier étant mort depuis, sa version des faits n'a pu être mise à l'épreuve. Anthony a aussi raconté avoir rencontré Joseph ce jour là non pas pour la commission d'un crime, mais parce que Joseph était un ami, qu'il venait lui demander son rapport médical car il avait un contact à Cuba qui aurait pu pratiquer une chirurgie lui permettant de retrouver l'usage de ses jambes. Joseph aurait même été prêt à payer les 75 000$ pour l'opération.

Pas dupe

Mais la juge Geneviève Graton n'a pas cru Anthony et a entériné la sentence de 40 mois demandée par Me Marilène Laviolette de la Poursuite, alors que la Défense, assurée par Me Lloyd Fischler, suggérait une peine avec sursis. Dans un jugement de 12 pages, la magistrate souligne que les peines reçues dans le passé par l'accusé ne reflètent pas l'ampleur de sa criminalité, qu'il a pu bénéficier d'une certaine clémence en raison de son état de santé.

«Le Tribunal constate que l'accusé utilise régulièrement son état de santé pour justifier ses écarts de conduite ou diminuer sa responsabilité. Si son état suscite l'empathie et mérite considération, il ne doit pas pour autant duper le Tribunal. Il convient de relever l'implication de l'accusé auprès d'individus liés au crime organisé avant l'événement de 2009 qui l'a laissé paraplégique. En dépit d'avoir subi un traumatisme aussi grave et des conséquences permanentes à la suite de cet événement, l'accusé a continué de frayer avec le milieu du crime organisé», écrit notamment la juge Graton.

Osborne Anthony a des antécédents de voies de fait armés, de voies de fait contre un agent de la paix, d'entrave à la justice et d'omission de se conformer.

Le 8 septembre 2014, il a été condamné à une peine de six mois avec sursis mais les autorités ont constaté plusieurs manquements dans les semaines qui ont suivi. Les agents de surveillance, qui ont appelé ou se sont rendus à sa résidence pour vérifier s'il s'y trouvait, se sont frappés le nez à quelques reprises. Une fois, Osborne n'avait pas encore fait installer le téléphone. Une autre fois il était absent. Enfin, il a également répondu à des agents que son état de santé ne lui permettait pas de descendre seul au rez-de-chaussée et de répondre à la porte, ou qu'il se trouvait sur son lit et n'avait pas la force nécessaire pour ouvrir la porte.