Dennis Oland, reconnu coupable du meurtre non prémédité de son père, a été condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 10 ans, jeudi, à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick.

En décembre, le jury avait reconnu Dennis Oland coupable du meurtre de son père, Richard Oland, à l'issue d'un procès très suivi qui a duré quatre mois. Ce verdict de culpabilité a déjà été porté en appel et les avocats de M. Oland tenteront d'obtenir vendredi, à Frederiction, la libération sous caution de leur client en attendant l'audition de cette requête. Aucune date n'a encore été fixée pour cette audition.

Le corps de Richard Oland avait été découvert gisant dans une mare de sang dans son bureau de Saint-Jean le 7 juillet 2011. Il avait été atteint de 45 coups portés à la tête, au cou et aux mains par un objet contondant, qui n'a jamais été retrouvé par les enquêteurs.

Le meurtre non prémédité est passible d'une peine de prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant au moins 10 ans - et au plus 25 ans. Les 12 jurés avaient recommandé la peine minimale de 10 ans, mais c'est le juge qui devait se prononcer au terme du procès.

L'avocat de Dennis Oland, Gary Miller, avait plus tôt plaidé devant le juge que les enfants de son client avaient besoin de ce père aimant et que la peine ne devrait pas être plus sévère que le minimum de 10 ans requis par la loi. La Couronne avait recommandé une peine allant de 12 à 15 ans, compte tenu du caractère brutal du crime commis.

Une «tragédie shakespearienne»

Le juge John Walsh avait reçu plus tôt en matinée, jeudi, 73 lettres de recommandation pour attester des qualités personnelles de l'inculpé, mais la Couronne avait contesté l'admissibilité d'une dizaine d'entre elles. Le juge a d'ailleurs été contrarié de voir que certaines personnes en profitaient pour contester le verdict de culpabilité prononcé contre M. Oland, alors que c'était au jury d'en décider.

Parlant de «tragédie aux dimensions shakespeariennes», le juge Walsh a d'abord cité le rapport présentenciel, qui décrivait Dennis Oland, âgé de 47 ans, comme un homme instruit sans antécédent judiciaire, qui refuse de regretter son geste parce qu'il clame toujours son innocence. M. Oland avait renoncé à s'adresser à la cour, jeudi matin, avant le prononcé de la peine.

La famille Oland, fondatrice de la vieille brasserie Moosehead, en 1867, est l'une des plus en vue des Maritimes, mais Richard Oland avait quitté l'entreprise familiale en 1981. Environ 200 personnes se sont d'ailleurs présentées jeudi matin aux portes du palais de justice de Saint-Jean, et plusieurs ont dû être refoulées à l'entrée. Des membres de la famille de l'inculpé étaient assis aux premiers rangs dans la salle d'audience, qui accueillait une centaine d'autres personnes.

Durant le procès, la Couronne s'était surtout attardée aux possibles mobiles du meurtre, notamment les difficultés financières de Dennis Oland et le fait que ce dernier était au courant que son père avait une maîtresse.

La pièce à conviction centrale de la poursuite était un blouson brun appartenant à Dennis Oland et sur lequel les enquêteurs ont trouvé de petites traces de sang et des échantillons d'ADN qui correspondaient à l'empreinte génétique de Richard Oland.