L'ex-animateur vedette de la radio de CBC Jian Ghomeshi ne témoignera pas à son procès pour agression sexuelle.

L'homme de 48 ans a plaidé non coupable à quatre chefs d'accusation d'agression sexuelle et un chef d'avoir tenté d'étouffer, de suffoquer ou d'étrangler une personne dans le but de vaincre sa résistance.

Il a gardé le silence depuis son arrestation en novembre 2014.

La prochaine étape sera celle des plaidoiries qui débuteront jeudi. La Couronne et la défense vont faire ressortir des éléments de preuve clés présentés à la Cour et résumeront leurs arguments principaux devant le juge William Horkins, qui décidera du sort de Jian Ghomeshi.

Celui-ci, en tant qu'accusé, n'a aucune obligation de témoigner à son propre procès.

« Il y a de nombreuses raisons qui font en sorte qu'un accusé choisit de ne pas présenter de preuve », a indiqué John Rosen, un avocat vétéran en droit criminel, qui a suivi le procès.

« L'une de ces raisons est quand les plaignants ont été démolis en contre-interrogatoire ».

Une autre raison, relève M. Rosen, est que si Jian Ghomeshi avait choisi de témoigner, il aurait aussi donné à la Couronne la chance de le contre-interroger. Le juge aurait alors évalué son témoignage pour décider s'il est crédible, fiable, et s'il apporte de nouvelles preuves.

Le « risque » pour la défense de ne pas appeler ses propres témoins à la barre est que le juge n'a pas d'autre scénario pour le comparer à ce qui a été relaté en Cour, a-t-il dit.

En 2014, l'ancien animateur de l'émission Q à la radio de CBC avait reconnu s'être adonné à des pratiques sexuelles brutales, mais avait assuré que ses partenaires étaient consentantes.

Le juge a toutefois entendu trois femmes qui ont formulé les allégations sur lesquelles cette poursuite a été fondée.

La première présumée victime, dont le nom est protégé par une ordonnance de non-publication, a témoigné que l'ex-animateur a soudainement tiré sur ses cheveux lorsqu'ils s'embrassaient dans sa voiture en décembre 2002 et ensuite, quelques jours plus tard, a tiré ses cheveux et l'a frappée au visage.

La seconde, l'actrice Lucy DeCoutere, a relaté qu'elle se trouvait dans la chambre de l'accusé en 2003 quand il l'a soudainement projetée sur le mur, a commencé à l'étrangler et l'a frappée au visage pendant qu'ils s'embrassaient.

La troisième, qui ne peut être nommée, a déclaré qu'en 2003, alors qu'ils s'embrassaient dans un parc, Jian Ghomeshi a mordu son épaule et a commencé à serrer son cou avec ses mains.

Marie Henein, l'avocate de Ghomeshi, a disséqué le témoignage des femmes, tentant de semer le doute sur leur crédibilité et remettant en question leurs actions après les agressions sexuelles alléguées, les accusant même par moment de mentir.

Le quatrième témoin de la Couronne était l'actrice Sarah Dunsworth, une amie de Lucy DeCoutere.

Le procureur de la Couronne Michael Callaghan avait fait valoir, mardi, que ce témoin pourrait corroborer les allégations faites devant le tribunal par Mme DeCoutere.

Il avait aussi soutenu que la déclaration à la police de Sarah Dunsworth allait démentir l'argument voulant que Mme DeCoutere ait inventé l'histoire pour gagner en notoriété.

Le témoin ne pouvait cependant pas se rendre à Toronto pour témoigner en raison des mauvaises conditions météorologiques où elle habite. La Couronne et la défense ont donc accepté de présenter au juge une transcription de sa déclaration à la police et des messages Facebook qu'elle a échangés avec Lucy DeCoutere.