L'adolescent accusé d'avoir tué quatre personnes dans une école et une résidence du nord de la Saskatchewan a regardé fixement au sol au cours de la majeure partie de sa première comparution devant le tribunal, lundi.

Grand et maigre, le jeune de 17 ans était revêtu d'une combinaison orange. Il portait des entraves aux jambes et aux mains au moment de son arrivée dans la petite salle de Meadow Lake, une municipalité située à environ 350 km au sud de La Loche, remplie à pleine capacité.

Il a répondu d'une voix douce au juge qui lui demandait s'il comprenait qu'il ne pourrait pas entrer en contact avec plusieurs personnes qui sont aussi impliquées dans cette cause.

L'accusé restera détenu jusqu'à sa prochaine comparution, prévue le 22 février. Celui qui ne peut être identifié conformément à la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents est accusé de quatre chefs d'accusation de meurtre au premier degré et de sept autres de tentatives de meurtre.

Un professeur et une assistante à l'enseignement ont été tués par balles, à l'école secondaire de La Loche, vendredi. Sept autres personnes ont été blessées dans un intervalle de huit minutes.

Deux frères ont aussi été abattus à mort dans une résidence à La Loche. Ces deux assassinats sont survenus avant l'attaque contre l'établissement secondaire.

Le juge a imposé une interdiction de publication au sujet de l'identité des blessés. «Il n'y aura pas d'appel téléphonique, de lettre, de message transmis à ces personnes ou aux membres de leur famille. Il n'y aura aucun contact», a-t-il ordonné.

À l'extérieur du tribunal, l'avocat Ian Mokuruk a indiqué qu'on lui avait demandé au cours du week-end de défendre l'accusé.

«Il est perturbé, a-t-il dit, en parlant de son client. Comme l'a démontré son comportement devant le tribunal, il n'est pas du tout heureux, ce qui est compréhensible. C'est une situation très tragique.»

Bob Merasty, de la Fédération des Premières Nations de la Saskatchewan, était présent au tribunal. Selon lui, ce fait divers reflète bien les problèmes que peuvent vivre les jeunes résidant dans les réserves amérindiennes. «C'est un jeune homme (l'accusé) qui est peut-être une victime des circonstances. C'est une communauté qui a des antécédents de violence, d'intimidation, de suicide, de toxicomanie, d'abus et de dysfonctionnement. Cela pourrait être n'importe quelle communauté, cela pourrait être ma communauté.»

L'avenir de l'école

L'école où est survenue la tuerie pourrait être démolie, si la communauté le souhaite, a indiqué Donna Johnson,  une adjointe du sous-ministre de l'Éducation de la Saskatchewan.

Elle a ajouté qu'aucune décision n'avait été encore prise à ce sujet.

Le maire de La Loche et plusieurs autres résidants avaient suggéré que l'école soit démolie et reconstruite.

«Nous comprenons leur besoin. Nous nous sommes engagés à nous assurer que l'école aidera au processus de guérison de la communauté», a dit Mme Johnson.

Le gouvernement mènera des consultations auprès de la population locale pour déterminer l'avenir de l'édifice.

Moment de silence

La tête baissée, les députés ont observé un moment de silence à la Chambre des communes, lundi, en mémoire des victimes de la fusillade mortelle survenue la semaine dernière à La Loche, en Saskatchewan.

Alors que les travaux parlementaires reprenaient le jour même à Ottawa, le gouvernement libéral a promis d'offrir plus d'aide pour les gens souffrant de maladies mentales dans les communautés éloignées.

Des députés de tous les partis ont parlé des pertes de vies et de la tragédie qui est encore très fraîche. Quatre personnes sont mortes et sept autres ont été blessées dans la petite communauté isolée du nord, surtout peuplée par des Autochtones.

Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que tout le gouvernement et tout le pays étaient aux côtés des gens de La Loche. Il a ajouté qu'il transmettait ses condoléances à la communauté et aux membres des familles touchées et qu'il leur offrait tout son soutien.

La chef par intérim du Parti conservateur, Rona Ambrose, a dit «avoir eu le coeur brisé» par cette violence.

Elle dit aux familles des personnes tuées qu'il est impossible de comprendre leur douleur, mais souligne partager leur peine.

Le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, a décrit le sentiment de choc laissé par la tragédie. Il dit aussi envoyer toutes ses condoléances aux familles des victimes, ses remerciements aux premiers répondants pour leurs actions rapides et son amour à la communauté qui continue à souffrir de ses pertes.

La ministre de la Santé Jane Philpott a promis plus de soutien à la communauté, particulièrement pour ses besoins en santé mentale.

Elle affirme qu'elle portera une attention toute particulière aux ressources requises par les Premières Nations.

La ministre a convenu que jusqu'à maintenant, les ressources ont été inadéquates pour ces communautés en ce qui a trait à l'accès aux soins de santé.

Elle promet d'effectuer des changements dans ce domaine et qu'elle travaillera dans ce but au cours des prochains mois et des prochaines années.