Le propriétaire du site internet qui avait publié la vidéo tournée par Luka Rocco Magnotta, où on le voyait démembrer le cadavre de sa victime, a été condamné à une peine de six mois de prison avec sursis, lundi, à Edmonton.

Mark Marek, âgé de 41 ans, créateur du site bestgore.com, avait été arrêté un an après le meurtre de l'étudiant chinois Lin Jun, en 2012 à Montréal. Il avait d'abord plaidé non coupable à l'accusation de publication de matériel obscène, déposée en vertu de la section sur la corruption des moeurs du Code criminel.

Mais à l'ouverture de son procès, lundi, Mark Marek, qui assurait lui-même sa défense, a plutôt enregistré un plaidoyer de culpabilité. Il était passible d'une peine maximale de deux ans, mais le juge l'a condamné à une peine de six mois de prison avec sursis, dont trois mois en détention à domicile.

La police soutient que c'est Magnotta qui avait envoyé à Mark Marek la vidéo, et que celui-ci l'a publiée en sachant très bien qu'il s'agissait d'un véritable meurtre capté par la caméra.

Luka Rocco Magnotta a été condamné en 2014 pour meurtre prémédité et quatre autres chefs d'accusation, dont outrage à un cadavre. Il purge une peine de prison à vie.

L'acteur porno et escorte a admis avoir tué et démembré Lin Jun et d'avoir envoyé par la poste ses mains et pieds à différents bureaux politiques d'Ottawa et des écoles de Vancouver. La police avait ensuite retrouvé le torse de l'étudiant chinois dans un parc de Montréal.

Son avocat a plaidé la non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux, mais un jury l'a tout de même reconnu coupable de meurtre prémédité, après huit jours de délibérations.

Selon un policier, l'horrible vidéo de 10 minutes, qui a été mise en preuve lors du procès, avait été publiée sur divers sites internet sous différents titres. Les autres sites l'ont retirée à la demande des autorités mais bestgore.com a résisté à cette requête, a soutenu un policier au procès de Magnotta.

« J'admets que j'ai publié la vidéo, a-t-il dit au tribunal lundi. Par la suite, cela a pris une tournure qui allait bien au-delà de l'intérêt public. »

Dans un courriel envoyé précédemment à La Presse Canadienne, Mark Marek soutenait avoir retiré la vidéo le jour où la police a publiquement identifié Magnotta comme le suspect dans cette affaire. Dans une déclaration sur son site, il affirmait aussi qu'il avait d'abord cru à une mauvaise blague, et il laissait entendre que les visiteurs de son site avaient contribué à identifier Magnotta, avant même la police.

« J'ai consacré ma vie à combatte le Mal et le Mensonge, et je sais que Dieu et la Vérité sont de mon côté », écrivait-il alors.

Mark Marek a refusé d'accorder une entrevue avant l'ouverture du procès, lundi. Originaire de la Slovaquie, il était en liberté sous caution depuis le dépôt de l'accusation.

« Si vous ne vous comportez pas correctement, je vous ramène en cour », l'a prévenu lundi le juge Sterling Sanderman, de la Cour du banc de la reine de l'Alberta. « Si vous ne respectez pas vos conditions, vous irez en prison. »

Le site internet de l'inculpé, toujours actif, est réservé aux adultes et comporte une mise en garde. « Les vidéos et images publiées dans Best Gore sont sanglantes, choquantes et dérangeantes, à faire grincer des dents et dresser les cheveux sur la tête. Tout comme la vie », prévient-on sur la page d'accueil. « Best Gore montre l'humain dans toute sa vérité, et la vérité n'est pas toujours belle à voir. »

La police estime que ce site « particulièrement violent et raciste » a accueilli jusqu'à 10 millions de visiteurs.