Jean-Philippe Mailhot s'est rendu jusqu'à la Cour suprême pour qu'on révise sa condamnation pour le meurtre de sa femme, survenu en octobre 2004. Il a obtenu d'être jugé de nouveau, mais ne le sera pas. Il a plaidé coupable, hier, à une accusation réduite d'homicide involontaire. Il connaîtra sa peine plus tard, manifestement au printemps.

La victime, Anna-Maria Salinas-Norbakk, a été poignardée à 34 reprises avec un couteau médiéval, la nuit du 13 octobre 2004, dans le logement qu'elle occupait avec Mailhot, à Montréal-Nord. Originaire du Chili, la femme de 26 ans était arrivée au Québec quelques mois plus tôt, en mai, pour vivre avec l'homme de 22 ans. Le couple s'était connu l'année d'avant, de façon virtuelle, en jouant à des jeux de rôles sur l'internet. Dans leur monde fantasmagorique, elle s'appelait Lucirina Songbird et lui, Élohar. Ils se sont épousés pour vrai, en août 2004, à Montréal, deux mois avant le drame.

La nuit fatidique, Mailhot a appelé la police, disant avoir trouvé sa femme morte dans le logement. Il avait maquillé la scène pour faire croire qu'elle avait été tuée par des voleurs en son absence. Mais la scène et l'état de Mailhot, qui avait du sang sur lui, racontaient une tout autre histoire.

Autre version

Lors de son procès, M. Mailhot a changé sa version, disant que c'est sa femme, dépressive, qui lui avait demandé de l'aider à en finir. Elle s'était rentré un couteau dans le cou, et lui l'avait achevée de 33 autres coups, pour abréger ses souffrances, disait-il. Le jury l'avait déclaré coupable de meurtre non prémédité. M. Mailhot a fait appel, mais la Cour d'appel a rendu une décision partagée. Estimant que le juge du procès, Jean-Guy Boilard, avait donné son avis au jury, un des trois juges de la Cour d'appel aurait ordonné un nouveau procès.

Mailhot a poussé sa cause jusqu'en Cour suprême, où il a eu gain de cause.

Il est à noter que lors du premier procès, des écrits de la victime, datant d'avant son arrivée au pays, avaient été mis en preuve. Celle-ci se confiait entre autres sur son état dépressif et avouait trouver du réconfort dans l'automutilation.

Liberté

M. Mailhot a souvent été en liberté au cours des procédures, et il a toujours respecté ses conditions. Il travaille actuellement.

Il n'y a pas eu de résumé des faits, hier, et les représentations sur la peine ont été reportées au 18 mars. Me Geneviève Dagenais, de la Couronne, et Me Pierre Teasdale, en défense, n'auront pas de suggestion commune à faire, ont-ils fait valoir au juge André Vincent. La Couronne demandera que M. Mailhot soit incarcéré.