Plutôt que de subir un second procès pour le meurtre et le démembrement de Shane Jimrattie, comme l'a ordonné la Cour d'appel, Michel Côté a plaidé coupable à des accusations d'homicide involontaire et outrage à un cadavre, vendredi matin à Montréal. Il a écopé 15 ans, mais devrait être libre dans 50 jours, compte tenu de sa détention préventive.

Shane Jimrattie, 21 ans, a été tué d'une quarantaine de coups de marteau, lorsqu'il est entré dans l'appartement où il venait livrer de la cocaïne, la nuit du 16 avril 2007. Cette livraison a été faite dans le logement qu'occupaient Côté et Nadège Merceus, sur le boulevard Rosemont. Côté était un homme sans histoire jusque là. Il avait passé toute sa vie dans le petit village de Notre-Dame-de-la-Paix, où il avait été boucher, et n'était à Montréal que depuis quelques mois pour agir comme concierge dans l'immeuble en question. C'est là qu'il a connu Nadège Merceus, grande consommatrice de crack, et prostituée. À son contact, Côté a été entraîné dans une spirale de consommation.

Lors de leur procès, en 2009, Merceus et Côté ont été déclarés coupables du meurtre non prémédité de M. Jimrattie. La femme, qui avait témoigné, avait mis toute la faute sur Côté, disant qu'elle était dans les toilettes occupée à faire du crack, au moment où il avait tué le livreur. Côté, pour sa part, n'avait pas témoigné.

Les deux sont allés en appel, mais seul celui de Côté a accueilli. 

Vol qui a mal tourné

Ce matin, le procureur de la Couronne David Simon a résumé les faits, et donné la version de Côté. La fameuse nuit, Merceus et Côté avaient beaucoup consommé, mais étaient à court d'argent et de drogue. Merceus, qui connaissait Jimrattie, l'a appelé en pleine nuit pour une livraison. Jimrattie ne voulait pas s'attarder, il a laissé sa voiture en marche dans la rue, pensant que ça allait prendre quelques minutes seulement. 

Côté admet qu'il était prévu de voler le livreur, en le menaçant. Lui-même avait un couteau, et Merceus avait un marteau. Mais voilà, lorsqu'il s'est fait menacer, le livreur a voulu quitter. Merceus l'a alors frappé avec le marteau. Jimrattie n'avait aucune plaie de défense.

«Côté ne savait pas que l'arme serait utilisée», a fait valoir Me Simon.

Dans les heures suivantes, Côté et Merceus ont entrepris de se débarrasser du cadavre. Côté, qui avait été boucher, l'a découpé, sans toucher les os, avec une précision qui démontrait la connaissance anatomique. Les parties de corps ont été mises dans des sacs. Le couple a nettoyé l'appartement et s'apprêtait à aller se débarrasser du corps. 

Au même moment, le soir du 17 avril, Éric Jimrattie, le frère de la victime, était dans le coin pour placarder des affiches de disparition, puisque la voiture de Shane avait été trouvée tout près. Voyant un individu déposer des sacs-poubelle dans un véhicule, Éric Jimrattie a appelé la police. Il avait vu juste. Dans les sacs, il y avait le corps de la victime, une vadrouille et des vêtements et objets tachés de sang. Côté a été arrêté le même soir, et Merceus l'a été dans les mois suivants. Les traces de sang sur le jeans de la femme laissent croire que c'est elle qui a asséné les coups de marteau, selon le récit de Me Simon. 

La peine, que le juge a entérinée ce matin, était une suggestion commune de la Couronne et de la défense, représentée par Me Christian Gauthier.