Furieux, le criminaliste Claude Olivier annonce déjà qu'il portera en appel la sentence de sept ans rendue ce matin à Laval contre son client, Jonathan Mignacca, que la police considère comme le garde du corps du caïd Raynald Desjardins.

Mignacca, 30 ans, a ouvert le feu vers un homme armé d'une mitraillette qui a tiré sur son véhicule et celui de son patron, le 16 septembre 2011, à Laval.

Il a été reconnu coupable de trois chefs d'avoir déchargé une arme sans égards à la vie d'autrui, et de possession d'une arme prohibée et de munitions le 25 janvier.

La défense suggérait une sentence variant entre 30 et 22 mois, la poursuite cinq ans, mais le juge Gilles Garneau de la Cour du Québec a surpris tout le monde en condamnant Mignacca à sept ans.

«C'est une sentence ridicule», a lancé de façon bien sentie, en sortant de la salle, Me Claude Olivier, avant de quitter les lieux en trombe. À la demande du juge, les constables ont dû par la suite le ramener dans la salle, car le magistrat avait oublié une précision cléricale lors du prononcé de la sentence.

Visiblement anxieux, les bras croisés, dans sa position habituelle, Mignacca agitait sa jambe gauche de plus en plus rapidement au fur et à mesure que le juge égrainait sa décision et envoyait des indices de plus en plus précis d'une peine sévère à venir.

L'honorable juge Garneau dit n'avoir pas trouvé beaucoup de facteurs atténuants en faveur de Mignacca. En revanche, il a identifié plusieurs facteurs aggravants, notamment que le jeune homme a tiré en plein jour, près d'une piste cyclable, alors que des civils se trouvaient tout près. Il a également souligné que le condamné a démontré peu de remords et n'a pas collaboré avec l'agente de probation pour la confection d'un rapport pré-sentenciel.

«Il n'y a aucun respect de la loi ici. Il y a mise en péril du maintien d'une société juste, paisible et sûre. La société réprouve ce genre de crime. Le premier critère est la dissuasion. Les tribunaux doivent se montrer sévères pour ce genre de crime et faire en sorte que ces individus soient isolés durant une longue période», a conclu le juge.

Surpris et visiblement dévasté, Mignacca a absorbé le choc avec résignation. Il a immédiatement été menotté par les constables puis placé dans le box des accusés en attendant d'être amené en détention.

En revanche, des parents et amis venus le supporter ont eu de la difficulté à cacher leur désapprobation tellement que le juge s'est adressé à l'un d'eux en lui demandant pourquoi il le regardait ainsi.

Après avoir décoléré un peu, Me Olivier a déclaré à La Presse que la peine rendue allait à l'encontre de tous les principes de jurisprudence en matière de sentences dans des cas similaires.

Il considère que le juge n'a pas tenu compte de la position d'avocats d'expérience et se demande pourquoi il a abordé la question de la constitutionnalité dans sa décision alors qu'il n'a pas voulu qu'elle soit débattue lors des plaidoiries.

Le juge Garneau a consenti cinq mois de détention préventive à Mignacca qui seront soustraits de la sentence.