Le procès du sénateur suspendu Mike Duffy a terminé jeudi sa deuxième phase, et devrait reprendre le 11 août avec le témoignage très attendu de Nigel Wright, ancien chef de cabinet du premier ministre Stephen Harper.

L'avocat de M. Duffy, Donald Bayne, a tenté jeudi de soulever des doutes sur la crédibilité d'un témoin expert de la Couronne, Mark Grenon. Ce comptable à l'emploi du gouvernement avait reçu le mandat de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) d'examiner les comptes de M. Duffy, notamment la somme de 90 000 $ versée par M. Wright au sénateur.

Cette somme avait permis à M. Duffy de rembourser les indemnités reçues du Sénat pour des frais de logement et de déplacement. Cette affaire, devenue controverse, avait aussi poussé M. Wright à démissionner de son influent poste de conseiller du premier ministre.

En contre-interrogatoire, jeudi, Me Bayne a voulu miner l'impartialité de M. Grenon. Il a aussi attaqué les conclusions du comptable, qui avait soutenu que le sénateur avait tendance à dépenser plus que ses moyens le lui permettaient. Pourtant, a plaidé Me Bayne, la banque avait accordé à M. Duffy une marge de crédit de 100 000 $.

«J'ignore ce que pensait la banque», a répondu M. Grenon. «Elles sont là pour prêter de l'argent afin de faire de l'argent, alors elles vont prêter aux gens qui sont solvables.»

Il reviendra au juge Charles Vaillancourt de déterminer si le témoignage de M. Grenon sera admissible en preuve.

Le travail de M. Grenon aura permis de retracer une somme de 90 000 $ d'un compte de banque de M. Wright jusqu'à l'avocat de M. Duffy, puis dans le compte du sénateur. Le receveur général du Canada a plus tard encaissé 90 172,24 $ provenant de M. Duffy, a indiqué M. Grenon.

M. Wright a fait l'objet d'une enquête de la GRC mais n'a jamais été accusé de quoi que ce soit dans cette affaire.

M. Duffy a plaidé non coupable à 31 chefs d'accusation de fraude, d'abus de confiance et de corruption. Le chef de corruption est lié au remboursement des 90 000 $.

M. Grenon a indiqué que la source du chèque aurait pu être cachée, avec l'aide d'un bon comptable, mais que dans ce cas-ci, il ne semble pas y avoir eu intention d'en dissimuler la provenance.