Hamza Babou, ce militant étudiant de l'UQAM détenu depuis son arrestation survenue il y a deux semaines doit être libéré d'ici à son procès, a tranché la Cour supérieure, hier.

Le juge James Brunton de la Cour supérieure a ainsi cassé la décision du juge Denis Laberge de la cour municipale - rendue le 17 avril dernier - en énumérant plusieurs erreurs de droit commises par le magistrat du tribunal de première instance. Le juge Laberge avait estimé que la libération du militant nuirait à la protection du public en plus de miner la confiance de ce dernier dans le système de justice.

Un interdit de publication nous empêche toutefois de rapporter les faits de la cause et les explications du juge Brunton.

Assis dans le box des accusés, l'accusé de 23 ans a accueilli la nouvelle avec un grand sourire. Il avait l'air soulagé.

Au terme de l'audience, sa mère - les larmes aux yeux - a demandé la permission au constable spécial qui assurait la sécurité de la salle d'aller serrer son fils dans ses bras. Le constable lui a répondu de façon polie qu'il ne pouvait pas acquiescer à sa demande.

Avant d'être libéré, l'accusé devra passer au moins une autre nuit en prison. Il doit d'abord comparaître à nouveau aujourd'hui en cour municipale dans un second dossier lié au conflit étudiant où la poursuite s'est également opposée à sa mise en liberté sous caution. En raison de la décision de la Cour supérieure, il serait toutefois étonnant qu'il reste incarcéré dans ce second dossier.

Le juge Brunton a accepté de libérer l'étudiant sous plusieurs conditions. L'accusé devra garder la paix et il n'aura pas le droit de remettre les pieds à l'UQAM. Sa famille devra aussi déposer une caution de 750$.

Le jeune homme s'est engagé à aller vivre chez sa mère ou encore chez sa tante sur la Rive-Sud, région où il a déjà trouvé un emploi d'été.

Salle bondée

Une cinquantaine de jeunes étaient présents en cour hier pour manifester leur soutien à l'étudiant en sociologie de l'UQAM. Certains avaient apporté une banderole qu'ils ont brandie à l'extérieur du palais de justice sur laquelle on pouvait lire: «Fuck ton opinion publique. Toute détention est politique.»

La salle d'audience où se déroulait la cause était bondée. Certains jeunes n'ont pu entrer dans la salle, faute de place.

M. Babou fait face à 14 chefs d'accusation de voies de fait, agression armée, méfait, menace, attroupement illégal et harcèlement criminel. Ces crimes allégués auraient été commis lors de levées de cours houleuses - le 27 mars et le 15 avril - dans le contexte de la grève étudiante à l'UQAM.

De nouvelles accusations seront déposées contre l'accusé aujourd'hui toujours en lien avec les levées de cours houleuses, a par ailleurs indiqué la procureure municipale.

Manifestation de solidarité devant la prison

À chacune des comparutions de Hamza Babou devant la cour, une poignée de jeunes militants est présente en soutien à sa cause. Après sa comparution du 20 avril dernier, une trentaine de jeunes se sont donné rendez-vous en soirée devant l'établissement de Rivière-des-Prairies où l'étudiant est détenu, a-t-on appris. Selon nos informations, ces jeunes ont lancé quelques feux d'artifice tout près de la prison au point où la police de Montréal a dû intervenir pour les disperser. Par mesure de sécurité, nous dit-on, les autorités de la prison ont fait entrer tous les détenus dans leur cellule pour un dénombrement. Les détenus de deux secteurs n'ont pas collaboré si bien que ces derniers ont été confinés à leur cellule jusqu'au lendemain matin.

- Avec Daniel Renaud