La plaignante au procès de Patrick Brazeau a écouté avec difficultés, mardi, l'enregistrement de son appel logé aux services d'urgence le soir des agressions présumées.

La femme, que l'on ne peut identifier, témoignait pour une deuxième journée au procès du sénateur conservateur suspendu, qui est accusé d'agression sexuelle et de voies de fait relativement à des événements qui seraient survenus il y a deux ans à Gatineau. Brazeau, qui a été depuis chassé du caucus conservateur et suspendu du Sénat, a plaidé non coupable aux accusations.

L'équipe de défense du sénateur suspendu a remis en question la crédibilité de sa victime alléguée, mardi, s'attardant à des éléments spécifiques comme son usage d'un faux passeport pour venir au Canada.

L'avocat Gérard Larocque a contre-interrogé la témoin clé de la Couronne sur le fait qu'elle ait voyagé dans un pays autre que son pays d'origine pour obtenir un faux passeport, afin de pouvoir ensuite se rendre au Canada.

Parlant par l'entremise d'un interprète, elle a reconnu avoir agi ainsi, tout en ajoutant qu'elle n'avait rien caché aux autorités douanières canadiennes au moment de son arrivée au Canada.

Me Larocque a aussi demandé à la témoin pourquoi elle n'avait jamais dit aux procureurs, ou à la police, avoir brisé le collier qu'elle portait durant l'affrontement violent ayant mené à l'arrestation de son client.

Elle a dit l'avoir fait parce qu'elle était en «colère» et «apeurée» après que Brazeau l'eut poussée. Elle a expliqué avoir omis cet élément car on lui avait demandé un portrait «général» de ce qui était survenu ce jour de février 2013.

Plus tôt, la présumée victime a essuyé des larmes en entendant les deux brefs extraits de l'échange téléphonique entre elle et le répartiteur des services d'urgence. Elle a ensuite demandé au juge Valmont Beaulieu de suspendre les audiences un moment, le temps de se remettre de ses émotions, ce qui lui a été accordé.

«Cela m'a fait revivre comment je me sentais ce jour-là», a-t-elle expliqué, alors qu'elle était interrogée ensuite par la procureure de la Couronne Stéphany Robitaille sur cette réaction.

La femme avait raconté par le détail au tribunal, lundi, comment Brazeau l'avait poussée dans l'escalier, lui avait craché au visage et l'avait frappée à la tête lors d'une violente dispute dans une résidence de Gatineau. Elle soutient aussi que Brazeau lui a empoigné les seins avec force, lui a baissé le pantalon et l'a agressée sexuellement.

Dans l'un des extraits d'enregistrement entendus mardi au tribunal, la femme raconte d'une voix tremblante au répartiteur qu'elle a été frappée à quelques reprises et poussée dans l'escalier. Elle indique aussi qu'elle porte des marques mais qu'elle n'a pas besoin de soins médicaux. Lorsque le répartiteur lui demande qui l'a agressée, elle répond: «Patrick Brazeau». La femme, qui semble en larmes, demeure ensuite au bout du fil jusqu'à l'arrivée des policiers.

La Couronne s'attendait à ce que le procès, devant juge seul, se termine mercredi, mais les procédures devraient se poursuivre une quatrième journée - à une date n'ayant pas encore été déterminée.

Les démêlés de Brazeau avec la justice ne seront toutefois pas terminés: il est toujours accusé de fraude et d'abus de confiance dans une affaire de compte de dépenses au Sénat. La chambre haute lui avait ordonné l'an dernier de rembourser près de 50 000 $ en réclamations douteuses de dépenses de fonction, mais Brazeau a refusé de payer. Le Sénat a alors saisi son salaire jusqu'à ce qu'il soit carrément suspendu sans solde, en novembre 2013.