La jalousie, l'alcool et la nervosité à l'approche d'un scandale naissant ont poussé Patrick Brazeau à violenter son ex-conjointe physiquement et sexuellement, a raconté cette dernière hier lors de la première journée du procès criminel du sénateur suspendu.

La victime alléguée, dont l'identité fait l'objet d'un interdit de publication, a témoigné par l'entremise d'un interprète au palais de justice de Gatineau, où le sénateur Brazeau fait face à des accusations de voies de fait et d'agression sexuelle.

Elle a relaté que son conjoint est revenu du travail vers 19 h le 6 février 2013 et qu'ils ont discuté d'un scandale naissant sur de possibles « abus de confiance envers le Sénat ». Il aurait bu des cocktails, dont au moins un Martini, et serait devenu progressivement plus nerveux et agressif dans le courant de la soirée.

Un message texte envoyé à la victime par son ancien petit ami aurait fait sortir M. Brazeau de ses gonds. La dispute aurait dégénéré le lendemain matin. M. Brazeau aurait alors tenté d'expulser sa conjointe de la maison, la traitant de putain, la frappant, lui crachant au visage, l'étranglant, lui faisant débouler des marches d'escalier et lui faisant subir des attouchements sexuels brutaux.

Le sénateur Brazeau était présent lors des audiences, écoutant le récit avec un visage neutre, mais où se lisait parfois un léger sourire.

Le procès de trois jours s'est ouvert avec le témoignage d'un policier, Patrick Quinn, qui a décrit les barreaux de bois cassés dans l'escalier de la résidence de Gatineau, le soutien-gorge déchiré dans la cuisine, un bouton de pantalon retrouvé dans une autre pièce et les photos des ecchymoses de la victime alléguée prises dans un refuge pour femmes au lendemain des incidents.

La victime alléguée a précisé que ces barreaux ont cédé lorsqu'elle s'y est agrippée, alors que l'accusé forçait avec ses deux pieds pour la faire débouler.

Mais en réponse aux questions de l'avocat de l'accusé, le policier a convenu qu'il n'avait lui-même aucune information prouvant la manière dont les barreaux ont été brisés ; le moment ou la façon dont le soutien-gorge a été déchiré ; la nature exacte du bouton (bouton de pantalon ? bouton de veste ?) ; ou même la manière dont les blessures sont apparues.

Avant d'offrir son témoignage en fin d'avant-midi, la victime alléguée a réclamé l'imposition d'un huis clos, se disant nerveuse, compte tenu du nombre élevé de journalistes présents dans la salle et de la nature des faits en cause. Après un court délibéré, le juge a décliné sa demande, privilégiant le principe de la publicité des procédures à l'exception des portes closes.

Les procès doit se poursuivre aujourd'hui et demain. On ignore si Patrick Brazeau sera lui-même appelé à la barre des témoins.

M. Brazeau ne sera pas au bout de ses peines au terme de ces procédures, toutefois : il devrait bientôt subir son procès pour d'autres accusations criminelles, celles-ci de fraude et d'abus de confiance dans le dossier de ses réclamations de dépenses au Sénat.