L'un des deux hommes accusés de terrorisme dans ce qui serait un complot pour faire dérailler un train de passagers a offert sa vision de la justice selon le Coran et le Code criminel aux jurés, mercredi.

Le Code criminel est «écrit par des humains» et «les humains ne sont pas parfaits», a écrit Chiheb Esseghaier dans un texte de clôture, une procédure inhabituelle.

«C'est pourquoi je requiers le Coran comme seule référence à mon procès et comme source de jugement pour tout ce qui concerne la vie d'un individu», a t-il écrit au jury.

Esseghaier et son co-accusé, Raed Jaser, font face à plusieurs accusations liées au terrorisme, dans ce qui serait un complot pour faire dérailler un train allant de New York à Toronto.

Esseghaier n'a pas présenté de preuve ou fait venir de témoins à sa défense, et c'est le juge qui a dû déposer un plaidoyer de non-culpabilité en son nom.

La Couronne a de son côté soutenu mercredi avoir présenté des preuves «accablantes».

Esseghaier étudiait au Québec au moment de son arrestation, en avril 2013, tandis que M. Jaser vivait en banlieue de Toronto. Ce dernier a aussi plaidé non coupable.

Dans sa plaidoirie finale, amorcée mercredi matin, le procureur de la Couronne, Croft Michaelson, a indiqué aux jurés qu'ils devraient se fier à leur bon sens dans ce procès, et que la poursuite a clairement démontré «hors de tout doute raisonnable» la culpabilité des accusés.

Me Michaelson a ensuite résumé méthodiquement les conversations qu'ont eues les accusés avec un agent d'infiltration de la police fédérale américaine (FBI) qui avait gagné leur confiance. Ces nombreuses heures d'écoutes électroniques constituent l'essentiel de la preuve de la Couronne dans ce procès.

«Les preuves démontrent de façon accablante que les accusés s'étaient entendus pour endommager un pont ferroviaire et pour tuer des gens», a-t-il plaidé. «Leurs visites de repérage sur les voies de chemin de fer (...), le recrutement (d'un complice, qui était en fait la taupe du FBI), leurs discussions sur la logistique des attentats, leur discours teinté de radicalisme (...) prouvent hors de tout doute raisonnable aussi bien le complot plus général pour commettre un meurtre que le complot précis pour endommager un pont ferroviaire.»

Selon Me Michaelson, les conversations entendues au procès démontrent même que Jaser et Esseghaier voulaient commettre plusieurs attentats terroristes visant des civils, jusqu'à ce que les militaires canadiens se retirent de territoires musulmans.

Le complot pour faire dérailler un train de Via a finalement été abandonné à la suite d'un différend entre les deux coaccusés sur la faisabilité du projet, mais selon la Couronne, cela n'exonère pas les deux hommes des accusations. «Le retrait ou l'abandon d'un complot ne constitue pas une défense», a plaidé Me Michaelson.

Ce sera jeudi au tour de l'avocat de Jaser de prononcer ses plaidoiries finales au procès. Esseghaier, lui, n'a pas voulu être représenté par un avocat, malgré toute l'insistance du tribunal. Il exigeait de subir son procès sur la base du Coran et non du Code criminel canadien.

Au moment de son arrestation, en avril 2013, Esseghaier, un doctorant d'origine tunisienne, travaillait et étudiait à l'Institut national de la recherche scientifique, à Varennes, en Montérégie. Jaser, résident permanent canadien d'origine palestinienne, vivait à Markham, en banlieue de Toronto.