Jugé pour avoir attaqué deux hommes en pleine Cour d'appel, en 2010, Sylvain Gaudreau veut convaincre le jury qu'il n'était pas responsable de ses actes à ce moment. Il a retenu un psychiatre célèbre et controversé pour l'évaluer, le Dr Pierre Mailloux.

« Moi-même, j'admets que j'ai un trouble mental ! C'est déjà bon », s'est exclamé Gaudreau, hier, à son procès, avant de demander au Dr Mailloux : « Est-ce que je vous ai déjà dit que je voulais entrer au palais de justice de Saint-Jérôme et tirer partout avec des paintballs ? »

Le Dr Mailloux n'avait pas reçu cette confidence. Mais hier, il avait assez de matériel pour donner son avis sur l'état d'esprit de M. Gaudreau au moment des faits. Selon lui, avec ses traits paranoïdes, sa dépression et les médicaments qu'il prenait, Sylvain Gaudreau était dans un état « confusionnel » quand il a attaqué deux hommes en Cour d'appel. Il n'était pas « raisonnablement » en possession de ses facultés.

Gaudreau, 52 ans, se défend seul dans son procès devant jury. Il est accusé de voie de fait grave et armée à l'égard de Robin Doak et Robert Tétreault, avec qui il entretenait un litige civil depuis plusieurs années au sujet d'une maison à Sainte-Adèle.

Furieux

L'incident est survenu en pleine Cour d'appel, un peu avant 18 h, le 4 août 2010. Furieux d'être débouté dans sa requête pour sursis d'exécution, Gaudreau avait lancé sa valise en direction des deux hommes et s'en était pris physiquement à eux.

Les deux ont subi des blessures à la tête. Gaudreau avait été arrêté sur place dès après.

Non-responsabilité

Le Dr Mailloux a rencontré Gaudreau à deux reprises en détention, en 2011, pour une durée totale d'environ quatre heures. Il a eu accès à des éléments de preuve.

En 2010, Gaudreau prenait des antidépresseurs pour soigner une dépression majeure, et de l'interféron pour combattre une autre maladie. Ce médicament peut interférer avec le jugement, affirme le Dr Mailloux.

« L'interféron, ça cogne. Je le sais, j'en ai eu pendant quatre ans à cause d'une maladie sanguine, après mon amputation. Ce n'est pas une lubie », a-t-il dit.

Gaudreau soutient ne pas très bien se souvenir de ce qui est arrivé. Il parle de souvenirs saccadés. Mais il se rappelle qu'il a vu un visage de diable avec des cornes, un âne et qu'il a entendu un bruit strident en Cour d'appel ce jour-là.

Maladie mentale ?

Le juge André Vincent a posé plusieurs questions au Dr Mailloux. «Est-ce que la colère, la rage sont une maladie mentale ?», a demandé le juge.

« Non, c'est une réaction, a répondu le Dr Mailloux. Si vous enlevez les médicaments, on n'a pas ce tableau-là. » Le psychiatre a aussi admis que Gaudreau ne souffrait pas de maladie mentale.

En ce qui concerne Gaudreau, alors qu'il était questionné par le procureur de la Couronne, il a admis qu'après avoir fait ce qu'il a fait en Cour d'appel, il n'était pas fier de lui.

« J'avais le sentiment d'avoir fait de quoi de pas correct et je m'en voulais de l'avoir fait en esti de cave. »

Le procès se poursuit aujourd'hui.