Les deux hommes accusés d'avoir comploté pour faire dérailler un train de VIA Rail ont songé à faire sauter un pont ferroviaire pour arriver à leurs fins, a-t-on entendu vendredi au procès.

Raed Jaser et Chiheb Esseghaier ont plaidé non coupables aux nombreuses accusations liées au terrorisme qui pèsent contre eux. Dans des enregistrements entendus vendredi à leur procès, à Toronto, Raed Jaser explique à un agent d'infiltration de la police fédérale américaine (FBI) que Chiheb Esseghaier et lui voulaient à l'origine affaiblir un pont ferroviaire entre New York et Toronto à l'aide d'un marteau pneumatique, mais ils ont ensuite estimé que la structure était trop solide.

Ils ont alors songé à utiliser plutôt un chalumeau industriel, ou tout simplement à faire sauter le pont ferroviaire.

Ces conversations ont été enregistrées à leur insu par l'agent du FBI se faisant passer pour un riche homme d'affaires américain aux idées radicales, qui avait gagné l'amitié des coaccusés.

Dans un autre enregistrement entendu la veille, les accusés expliquaient que les missions des militaires canadiens en terre musulmane justifiaient le massacre de civils. Raed Jaser disait ainsi à son présumé complice que l'islam est «une arme très puissante» qui, placée dans de bonnes mains, peut «contraindre le monde entier».

En septembre 2012, sept mois avant l'arrestation des deux accusés, l'agent du FBI s'était rendu avec Chiheb Esseghaier à Toronto, où il avait été présenté à Raed Jaser. Selon des éléments de preuve entendus au procès, les accusés auraient alors révélé à leur nouvel ami tous les détails de leur complot présumé, de même qu'un autre projet, à plus long terme: confier à un tireur d'élite la mission d'abattre des leaders de la société canadienne.

Plus tard, en revenant à Montréal, l'agent d'infiltration du FBI a demandé à Chiheb Esseghaier comment ils pourraient justifier la mort de femmes et d'enfants innocents dans l'attentat contre le train de VIA Rail. Esseghaier répond que ce massacre serait justifié par le fait que des militaires étrangers tuent des femmes et des enfants chez lui.

Au moment de son arrestation, Chiheb Esseghaier, d'origine tunisienne, travaillait à Varennes, en Montérégie, à l'Institut national de la recherche scientifique, une composante du réseau des Universités du Québec.