La Couronne réclame 6 ans de prison pour un chauffard qui a tué un père et sa fille de 10 ans en plus de blesser gravement sa propre petite amie de l'époque qui prenait place dans sa voiture alors qu'il roulait à 100 kilomètres/heure dans une zone de 50 km.

« Je crois que tu es une personne incapable d'empathie ou de remords. Je suis triste que tu sois la dernière personne rencontrée de leur vivant». Plus de trois ans après la mort de Daniel et Catherine Clouston, Lynda Bonneville a enfin pu regarder Arif Afghani dans les yeux hier et lui dire toute la souffrance qu'il a causée à sa famille.

«Tu as donné la mort en héritage», a-t-elle dit.

Pendant les 15 minutes environ où la veuve a fait face au jeune homme, jamais ce dernier ne lui a adressé un regard. Il est resté les yeux fixant le vide, droit devant, sans broncher tandis que la famille des victimes pleurait à chaude larme aussi silencieusement que possible pour ne pas interrompre la veuve.

Mme Bonneville a pris la parole au palais de justice de Montréal vendredi quelques instants avant que le procureur de Couronne, Me Dennis Galiatsatos, demande une peine de 6 ans et une interdiction de conduire pendant 10 ans. Après trois ans de procédures pénibles pour les familles et à quelques jours de l'ouverture de son procès, Arif Afghani, 23 ans, a finalement plaidé coupable à des accusations de négligence criminelle ayant causé la mort et de négligence ayant causé des lésions, le 24 octobre dernier. Il est passible d'une peine d'emprisonnement à vie.

«J'aimerais que la justice lance un message clair», a demandé Mme Bonneville en regardant le juge Labelle.

Le 24 mars 2011, le chauffard qui roulait à tombeau ouvert en BMW ne s'est jamais arrêté au feu rouge à l'intersection Poirier et Beaulac, dans l'arrondissement de Saint-Laurent. Lorsque Daniel et Catherine Clouston ont croisé son chemin, en voiture, ils se trouvaient à deux kilomètres de la maison familiale. Ils n'ont eu aucune chance. La petite amie d'Afghani, qui avait 17 ans à l'époque a été grièvement blessée et aura des séquelles toute sa vie.

Le lendemain du drame, l'accusé a publié une photo de BMW montée sur sa page Facebook, ce que le procureur considère comme un facteur aggravant.

Le procureur a cité au nombre des autres facteurs aggravants le fait qu'il n'avait pas d'assurance pour la voiture qu'il conduisait, qu'il roulait deux fois plus vite que la limite permise tout près d'un quartier résidentiel et d'un parc de soir et qu'il a brûlé un feu rouge. « Il n'y a aucun facteur atténuant », a-t-il plaidé.

«Un moment, on arrête de parler de risque et on se met à parler de quasi-certitude qu'il y aura une collision», a ajouté le procureur aux journalistes au terme de l'audience.

Me Galiatsatos a également souligné que l'accusé avait attendu trois ans et la présentation de preuve accablante (dont une vidéo de surveillance ayant capté la collision) pour reconnaître sa culpabilité. Son plaidoyer n'a donc pas évité des souffrances à la famille.

«C'est ridicule, c'est un jeune homme qui a utilisé le système du mieux qu'il pouvait en changeant d'avocat, en étirant le temps, en ne se présentant pas...c'est juste ridicule», a affirmé Mme Bonneville à la sortie de la salle d'audience.

L'accusé n'en était pas à ces premiers excès de vitesse. Au moment du drame, il avait cumulé pas moins de 18 constats d'infractions au Code de la sécurité routière, dont un, alors qu'il roulait à 202 km/h sur une autoroute. Il a également plaidé coupable en juin 2013 pour avoir refusé de fournir un échantillon d'haleine, en 2009.

Afghani reviendra en cour le 30 janvier prochain, pour les représentations de la défense.