Au cours d'un long contre-interrogatoire, le ministère public s'est attaqué à la crédibilité de François Tartamella mardi matin en remettant en question la « voix intérieure » qu'il l'aurait incité à poignarder son ex-conjointe, Emmanuelle Phaneuf, et la fille de cette dernière, Laurie, 13 ans, le matin du 4 novembre 2011.

Me Sylvie Villeneuve, qui représente la Couronne avec sa collègue Julie Laborde, a souligné que François Tartamella a parlé de cette « voix intérieure » pour la première fois en juin 2013 avec la psychiatre Marie-Frédérique Allard, soit un an et demi après le drame. 

Tartamella a répondu à Me Villeneuve qu'il voulait en parler avant, mais que son avocate lui avait demandé d'attendre de voir les spécialistes qui seraient attitrés à sa cause. S'il n'en a pas parlé au policier qui l'a interrogé le lendemain du drame, dit-il, c'est que « ce n'est pas venu sur le sujet ».

Lors de son interrogatoire principal, lundi, François Tartamella a dit que la « voix intérieure » lui avait dit, à propos de Laurie: « poignarde-la, poignarde-la ». Or, l'accusé a dit, lors d'une rencontrer précédente avec Dre Allard, que cette voix lui avait plutôt dit: « va faire mal à Laurie ». 

« J'ai dû mal m'exprimer, parce que ce n'était pas ça », a répondu François Tartamella mardi.

Me Sylvie Villeneuve a aussi questionné l'accusé à propos des photos et des vidéos qu'Emmanuelle Phaneuf avait prises auprès de différents hommes lors d'un voyage de filles à Cuba réalisé un mois avant le drame. François Tartamella a pris la clé USB de la victime à son insu, a transféré son contenu sur son ordinateur et a imprimé une photo en quelques exemplaires. Il a aussi parlé des photos à différentes personnes de son entourage. 

François Tartamella dit avoir pris ces photos en prévision de la bataille judiciaire pour la garde de ses deux fils, âgés d'un an et trois ans au moment du drame. Il dit qu'il voulait montrer qu'Emmanuelle non plus n'était « pas parfaite », mais aussi qu'elle était « heureuse » et qu'il voulait qu'elle continue à l'être après leur séparation. 

Me Villeneuve a souligné que, les journées précédant le drame, Tartamella avait transféré sur le bureau de son ordinateur différentes photos montrant Emmanuelle auprès d'autres hommes. « Vous ne vouliez pas montrer une photo où on la voit avec des dauphins, avec un gros sourire... » a-t-elle fait remarquer.

Plus tard, la procureure de la Couronne a souligné qu'à 5:08, le matin du drame, François Tartamella a aussi transféré sur son bureau d'ordinateur une vidéo où on voit Emmanuelle se faire masser par un autre homme à Cuba. « C'était encore pour montrer au juge qu'Emmanuelle était heureuse? » L'accusé a répondu qu'il ne s'en souvient pas. Il maintient par ailleurs qu'il n'était pas jaloux.

Me Sylvie Villeneuve a aussi questionné François Tartamella à propos de la lettre qu'il a écrite sur son ordinateur le matin du drame. Tartamella a dit qu'il s'agissait d'une lettre de suicide et qu'il avait prévu ce matin-là s'ouvrir les veines dans la cuisine. À 6:09, il a fermé son ordinateur sans enregistrer la lettre pour « ne pas laisser de traces ». 

Par ailleurs, Me Villeneuve a souligné que François Tartamella parle d'Emmanuelle au passé en disant qu'« elle était un monstre sans pitié ». Il demande aussi à sa famille de s'occuper de ses fils. 

« Emmanuelle voulait vous enlever vos enfants, alors vous lui avez pris sa fille? » a demandé l'avocate à la toute fin de son contre-interrogatoire. « Non », a simplement répondu François Tartamella, avant de retourner dans le box des accusés pour la suite de son procès pour meurtres non prémédités.

La défense poursuivra sa preuve mardi après-midi avec le témoignage de la mère de l'accusé.