Lorsqu'il a poignardé son ex-conjointe et la fille de cette dernière, le 4 novembre 2011, François Tartamella dit avoir écouté une «voix intérieure». «Malheureusement, ça a fait ce que ça a fait: il y a deux personnes, deux anges qui sont partis.»

La défense a commencé sa preuve lundi au procès de François Tartamella, accusé des meurtres non prémédités d'Emmanuelle Phaneuf, 31 ans, et de sa fille Laurie, 13 ans, au palais de justice de Longueuil. Me Patrick Davis, qui représente l'accusé avec sa collègue Me Anne-Marie Lanctôt, a dit au jury que les troubles mentaux de l'accusé étaient «omniprésents» lors du drame.

François Tartamella, vêtu d'une chemise grise, a dit qu'il a entendu cette «voix intérieure» à quelques reprises dans sa vie. «Elle apparaît quand il y a un conflit, quand il y a un problème», a-t-il dit d'une voix monotone. Il dit n'en avoir jamais parlé avant le drame, parce qu'il avait peur de la psychiatrie. Son père, qui souffrait d'un trouble bipolaire, s'est suicidé lorsqu'il avait 20 ans. 

Le matin du 4 octobre, la «voix intérieure» lui aurait d'abord dicté de se suicider. C'est à ce moment qu'il aurait commencé à écrire une lettre de suicide sur son ordinateur. Puis, cette voix lui aurait dit de poignarder Laurie. «Dans mes rêves, dans mes cauchemars, c'est Laurie [qu'il a poignardée en premier]», a-t-il dit. Il affirme avoir des flash-back du drame «chaque jour, depuis 1058 jours».

Avant le drame, il aurait entendu cette voix lorsqu'il était à une station-service. Elle lui aurait commandé de reculer dans une voiture qui lui avait pris sa place. Après le drame, la voix serait encore intervenue au moins deux fois: elle lui a dit de frapper les agents de sécurité et l'aurait incité à frapper un codétenu. «J'avais l'impression qu'il était contre moi, que c'était un espion», a dit l'homme de 37 ans. 

François Tartamella se serait senti persécuté à d'autres moments dans les premiers temps de sa détention. Il aurait refusé de manger la nourriture non-emballée qu'on lui offrait de peur qu'elle soit empoisonnée. Il pensait que les téléphones étaient sous écoute et qu'un camion qui patrouillait dans la cour ne soit là pour le photographier. Aux prises avec des pensées suicidaires, il aurait tenté de s'étouffer en remplissant sa bouche et son nez de nourriture.

L'accusé prend aujourd'hui une «grosse médication» qui «gèle ses émotions» et «empêche son hamster de tourner trop vite». La défense a annoncé qu'elle allait déposer en preuve un rapport exhaustif de la psychiatre Marie-Frédérique Allard.

En contre-interrogatoire, Me Sylvie Villeneuve, qui représente le ministère public, a demandé à l'accusé pourquoi il n'avait pas tenté de manger la nourriture «empoisonnée» lors de cette tentative de suicide. Tartamella lui a répondu qu'il craignait un «empoisonnement alimentaire».

Pas de passion

François Tartamella a parlé de sa rencontre avec Emmanuelle Phaneuf et de sa relation avec elle, qui, selon ses dires, n'a jamais été passionnelle. Lorsqu'elle est tombée enceinte, il a décidé de «prendre des responsabilités». Il dit avoir voulu se séparer lorsque leur aîné avait un an et demi. Emmanuelle aurait menacé de se suicider pour qu'il revienne. 

Lorsque le couple a décidé de se séparer, en octobre, François Tartamella soutient qu'il se sentait «content» et «libéré». «La seule chose qui me préoccupait, c'était la garde des enfants», a-t-il dit. Dans les documents judiciaires que la victime lui a fait parvenir par huissier une semaine avant le drame, elle lui offrait d'avoir ses deux fils seulement 72 jours par année. 

C'est d'ailleurs dans le cadre des procédures judiciaires pour la garde des enfants qu'il aurait imprimé des photos où on voit Emmanuelle et un G.O. cubain. «Emmanuelle me reprochait beaucoup de choses, a-il-dit, faisant référence à un épisode où elle l'a soupçonné d'adultère. Pour une fois, c'était moi qui avais une preuve contre elle.» 

Le contre-interrogatoire de François Tartamella se poursuivra mardi.