Le procès dans l'une des affaires criminelles les plus médiatisées et bouleversantes au Canada doit commencer lundi par la présentation des preuves contre le présumé meurtrier Luka Rocco Magnotta.

L'homme âgé de 32 ans a plaidé non coupable à cinq chefs d'accusation liés au meurtre et démembrement de Jun Lin, un étudiant chinois en génie à l'Université Concordia, en mai 2012.

Magnotta fait face à des accusations de meurtre prémédité, d'outrage à un cadavre, de production de matériel obscène, d'utilisation de la poste pour le publier et d'avoir harcelé le premier ministre Stephen Harper et d'autres membres du Parlement.

Le juge Guy Cournoyer a interrogé des jurés potentiels, plus tôt en septembre, pour savoir s'ils seraient en mesure de supporter des éléments de preuve qui pourraient être révoltants, obscènes et possiblement traumatisants.

Les 14 jurés bilingues qui ont été choisis recevront des instructions du juge Cournoyer, avant que Me Louis Bouthillier ne présente les arguments de la Couronne.

L'enquête a été déclenchée après la découverte d'un torse humain dans un conteneur à ordures derrière un édifice à logements de Montréal, en mai 2012. Ensuite, des membres humains ont commencé à faire surface un peu partout au Canada - d'abord dans un bureau politique fédéral à Ottawa et, ensuite, dans deux écoles en Colombie-Britannique.

Une vidéo qui aurait détaillé un meurtre aurait été affichée en ligne à la même époque, et a été associée par les autorités policières montréalaises à la découverte de membres humains.

Alors que l'enquête avançait, les autorités ont appris que Magnotta avait quitté le pays, déclenchant une chasse à l'homme internationale qui, selon la police montréalaise, a été la plus importante à laquelle elle a participé.

Interpol a été impliqué dans l'enquête et Magnotta a été arrêté sans incident le 4 juin, quelques jours après le meurtre de Lin, dans un café internet de Berlin.

Il est rentré au Canada quelques semaines plus tard, escorté par plusieurs enquêteurs des crimes majeurs de Montréal, à bord d'un avion du gouvernement du Canada.

Me Bouthillier a fait savoir que la Couronne pourrait convoquer jusqu'à 60 témoins pendant le procès, qui devrait durer entre six et huit semaines. Des Européens pourraient être appelés à la barre.

Le processus de sélection du jury a duré huit jours, le tribunal évaluant les candidatures d'environ 1600 personnes. Le groupe a été réduit à 16 personnes. Deux d'entre elles seront écartées au moment où s'amorcera le procès, et deux des 14 jurés restants seront libérés avant les délibérations.

Le procès se déroulera surtout en anglais, bien que certains moments pourraient se passer en français.

Magnotta sera représenté par Luc Leclair, un avocat qui travaille à Toronto. Me Leclair a déclaré à des reporters qu'il recherchait des jurés à l'esprit ouvert, intelligents et désireux d'écouter l'affaire. «Il (Magnotta) attend depuis longtemps, j'attends depuis longtemps, nous attendons depuis longtemps, a fait remarquer Me Leclair lors de la première journée du processus de sélection du jury. Pendant un certain temps, nous avons pensé que ce jour ne viendrait jamais.»

Magnotta, qui est originaire de Scarborough, en Ontario, aurait créé des dizaines de noms d'utilisateurs sur Internet et ouvert 70 pages Facebook et 20 sites internet, selon la police.

Le procès devrait attirer de nombreux curieux. Des étudiants en criminologie, des adeptes du système judiciaire et même certaines personnes qui semblaient appuyer Magnotta ont été aperçus pendant l'enquête préliminaire.

Les procédures judiciaires se dérouleront dans une salle de cour spéciale, dotée de plusieurs écrans et un imposant enclos de métal et de vitre derrière lequel sera assis Magnotta.

Par ailleurs, seulement cinq places seront réservées aux médias et cinq autres au public. Quelques autres sièges iront à la famille de Jun Lin, dont son père Diran, qui est venu au Canada pour le procès.

Le procès sera cependant diffusé dans une autre salle se trouvant à un autre étage de l'édifice.

Duran Lin a assisté à plusieurs moments des procédures jusqu'à maintenant, et a dit souhaiter que justice soit rendue à son fils.

Jun Lin, qui était âgé de 33 ans, est né à Wuhan, la capitale de la province de Hubei. Il vivait au Canada depuis 2011, concrétisant un rêve de longue date en arrivant à Montréal.

En avril 2013, sa famille a raconté que Jun Lin profitait d'une vie confortable à titre d'employé au bureau de Pékin de Microsoft, mais espérait déménager au Canada pour étudier et améliorer son statut.

Au moment de son décès, Jun Lin travaillait aussi à temps partiel dans un dépanneur à Montréal.

Les 16 personnes sélectionnées à titre de jurés sont :

1: Femme, analyste dans les pièces d'auto

2: Femme, assistante gérante dans une entreprise de télécommunication

3: Homme, travailleur en entretien ménager

4: Homme, programmeur

5: Femme, courtière d'assurances

6: Femme, relations publiques et traductrice

7: Homme, professeur à l'université

8: Homme, interprète

9: Homme, professeur de Cegep

10: Femme, employée dans une université

11: Homme, analyste financier à la retraite

12: Femme, employée dans un centre d'appel

13: Femme, traductrice

14: Femme, administratrice dans une boucherie

15: Femme, géologue

16: Homme, vérificateur

Les jurés 15 et 16 sont des substituts qui siégeront uniquement si l'un des 14 jurés en est incapable. Sinon, ils seront libérés lundi avant le début du procès.