Après trois heures d'interrogatoire, les souvenirs de François Tartamella se sont «éclaircis»: il dit avoir poignardé Laurie dans la cuisine et d'avoir fait de même avec Emmanuelle «dans le salon, devant les enfants».

«Je vois 200 coups de couteau. J'en vois tellement, c'est dégueulasse. S'il vous plait, enfermez-moi avec l'aide, je peux pas passer à travers ça.» À maintes reprises, il s'est qualifié de «monstre» et a dit qu'il méritait «25 ans» ou la mort.

Le jury a visionné mercredi matin la deuxième et dernière partie de l'interrogatoire de François Tartamella, réalisé une vingtaine d'heures après les meurtres présumés de son ex-conjointe Emmanuelle Phaneuf et de la fille de cette dernière, Laurie, 13 ans, dans leur logement de Longueuil, le matin du 4 novembre 2011.

Vers 3:00 du matin, après plus de deux heures d'interrogatoire au cours desquelles l'accusé a dit ne pas se souvenir d'avoir poignardé les victimes, le lieutenant-détective Pierre Marchand, de la police de Longueuil, adopte un ton plus directif: «Je sais que tu t'en souviens, on sait tous les deux que tu t'en souviens», dit-il. 

Environ 45 minutes plus tard, le policier lui demande de partager tous les «flashs» qui lui viennent en tête. «Ah non, je l'ai tuée», finit par dire François Tartamella, qui hésite d'abord à partager les images qui lui viennent en tête tant «c'est dégueulasse».

«Je me vois la poignarder, dit-il à propos de Laurie. Oh, mon Dieu. Je suis dans la cuisine pis je suis dessus elle.» «Ici, là», ajoute-t-il, en montrant sa joue avec son doigt. 

Il poursuit en racontant qu'il a fait «du mal» à Laurie dans la chambre de cette dernière. Emmanuelle serait ensuite arrivée. Puis, il dit avoir «fait du mal aux deux» dans la chambre de Laurie. «Emmanuelle s'en va, je pars après, Laurie s'en va, je retourne à Laurie», poursuit-il.

François Tartamella se souvient aussi d'avoir poignardé Emmanuelle «dans le salon, devant les enfants», mais dit ne plus se rappeler qui il a poignardé en premier. 

Il affirme se souvenir qu'un couteau a cassé lors du drame, mais dit ignorer sur quelle victime il s'est cassé. Selon le pathologiste judiciaire, une lame a été découverte dans le front de Laurie. Cette dernière a été poignardée à une vingtaine de reprises, tandis que sa mère l'a été à une dizaine de reprises.

Au terme de l'interrogatoire, le lieutenant-détective Pierre Marchand demande à François Tartamella, une dernière fois, s'il se souvient des raisons qui l'ont poussé à commettre un tel geste. «Il y a eu beaucoup de verbal, ça peut être ça, dit l'accusé, faisant référence à une discussion sur la garde des enfants. C'est sûr que quelque chose a pété dans ma tête. Je ne suis pas violent.»

Photos 

Plus tôt dans l'interrogatoire, quand le lieutenant-détective Pierre Marchand tente de savoir ce qu'il s'est passé le matin du drame, François Tartamella prononce à voix basse le mot «photos». Le policier lui parle alors des photos montrant Emmanuelle et un Cubain. Selon une amie avec qui la victime est allée à Cuba, ces photos auraient déclenché un sentiment de jalousie chez l'accusé.

François Tartamella explique qu'il avait prévu, le jour du drame, montrer ces photos à Emmanuelle pour lui signifier qu'elle mentait lorsqu'elle disait qu'il ne s'était rien passé à Cuba. C'était, dit-il, dans le cadre des discussions entourant la garde des enfants, et «ça n'a pas rapport avec l'histoire» (des meurtres présumés).

Questionné sur la relation difficile qu'il entretenait avec Laurie, l'accusé dit qu'il y avait de bons et de mauvais jours et convient que Laurie «ne l'aimait pas».

À un autre moment, en l'absence de l'enquêteur, François Tartamella se met à pleurer, puis à hurler dans la salle d'interrogatoire. Il reste ensuite immobile, le front accoté sur la table. Dans le box des accusés, l'homme de 37 ans, qui a pris beaucoup de poids depuis le drame, a essuyé ses yeux avec un mouchoir de papier.