Francis Bastien savait que sa nouvelle conjointe risquait de tuer son fils, tant elle mettait de hargne à le battre, jour après jour. Mais il a fermé les yeux et est parti en laissant son enfant à la merci de la marâtre.

Voilà la triste explication donnée par le procureur de la couronne Michel Pennou, hier, lors des plaidoiries sur la peine à imposer à M. Bastien. Initialement accusé de l'homicide involontaire de son fils Jérémy, 4 ans, le père a finalement plaidé coupable à une accusation réduite de négligence criminelle, en mars dernier. La cour doit maintenant décider de la peine à lui infliger.

Le petit Jérémy Bastien est mort le 6 décembre 2008. Ce jour-là, son père était parti de la maison quelques jours afin de participer à une étude clinique. Jérémy était resté seul avec sa belle-mère, la nouvelle conjointe de son père, Stéphanie Meunier, ainsi que les quatre enfants que celle-ci avait eus d'une autre union.

Jérémy est mort après avoir été frappé à répétition, le coup de grâce porté à la tête ayant causé une hémorragie. À l'hôpital, les médecins ont constaté qu'il avait été tellement battu, et depuis longtemps, qu'il avait deux cavités à la place des fesses.

Stéphanie Meunier a depuis été reconnue coupable de meurtre et purge une peine de prison à vie.

La poursuite s'est attardée hier à décrire comment le père avait été négligent en laissant son enfant à une femme si violente. Francis Bastien a avoué aux enquêteurs qu'il avait adopté les méthodes éducatives de sa conjointe. Elle disait toujours que le petit Jérémy devait être corrigé, alors que ses enfants à elle étaient laissés tranquilles.

Le garçon était battu à coups de cuillère de bois, avec la main, avec une ceinture. Il était forcé de se mettre à genoux en tenant des conserves au bout de ses bras en croix, ou de marcher dans la rue habillé en fille dans un rituel d'humiliation.

Retour en cour aujourd'hui

Les policiers ont demandé au père pourquoi de telles punitions étaient imposées à un enfant. « Monsieur n'a pas été en mesure d'identifier les comportements à corriger », a raconté hier Me Pennou.

Il n'a pas protesté non plus en voyant les blessures de son enfant, au fil du temps. « On est obligés de conclure qu'il fait l'autruche et se met la tête dans le sable. Il démontre une certaine forme d'ignorance volontaire. Pour ne pas antagoniser sa conjointe, il est prêt à faire comme s'il ne s'était rien passé », a poursuivi le procureur, pour bien démontrer la nature de la négligence criminelle.

Selon lui, le père était clairement conscient du risque lorsqu'il a laissé la garde de son enfant à sa conjointe pour quelques jours.

Les parties reviendront en cour aujourd'hui pour tenter de déterminer quand les plaidoiries sur la peine pourront se poursuivre.