Loto-Québec n'aura pas à payer 320 919,40$ à un couple de «gagnants» de la brève loterie Blé d'or. Le couple de la région de Mont-Laurier s'était procuré les billets pour profiter d'une erreur d'impression, et non pour jouer à un jeu de hasard, a conclu la Cour supérieure, récemment.

Lancée officiellement le 11 juillet 2011, la loterie Blé d'or a été fauchée des présentoirs de Loto-Québec le même jour en raison d'erreurs d'impression. Une fois grattées, les cases accordaient des lots. Mais lorsqu'ils étaient passés à la valideuse électronique, les billets sortaient non gagnants ou avec des lots inférieurs.

Avisés de l'erreur le 11 juillet, les commerçants devaient cesser immédiatement de vendre cette loterie. Le lendemain, Loto-Québec publiait un communiqué, signalant que la société allait tout de même payer les réclamations émanant de joueurs qui avaient acheté cette loterie durant sa courte période de vente, «à moins d'irrégularités».

Dans le cas qui nous occupe, Valérie Bouchard réclamait 186 499$ pour 22 billets gagnants, alors que son conjoint, Sébastien Campeau, réclamait 87 215$ pour 8 billets. Ils s'étaient procuré ces billets au dépanneur Chez mon chum, un commerce qui appartient aux parents de Mme Bouchard. Ils disaient avoir acheté ces billets le 9 juillet.

Loto-Québec n'a pas voulu payer le couple, si bien que Mme Bouchard et M. Campeau se sont tournés vers la Cour supérieure, dans le but d'obtenir gain de cause. Ils réclamaient aussi 47 000$ en honoraires extrajudiciaires. Ils ont perdu sur toute la ligne.

Profiter de la situation

Le juge pense que Nicole Labrèche, copropriétaire du dépanneur et mère de Mme Bouchard, a suggéré à sa fille et à son gendre d'acheter des billets au cours de la matinée du 11 juillet 2011 dans le but de profiter de la situation. Il a relevé que certains de ces billets avaient été vérifiés à la borne du dépanneur les 9, 10 et 11 juillet. (Il est à noter qu'en région éloignée, les billets peuvent être livrés d'avance.)

Le juge a par ailleurs comparé toutes les déclarations du couple et y a trouvé de nombreuses contradictions et des invraisemblances.

La mésaventure de Blé d'or était due à une erreur d'impression sur une partie de la production, indique Jean-Pierre Roy, porte-parole de Loto-Québec. Néanmoins, la loterie n'a jamais été réactivée. Selon M. Roy, l'affaire a donné lieu à quatre litiges contre Loto-Québec, mais c'est le premier jugement. Il y a désistement dans deux des autres causes, et la dernière est en suspens, dit-il.