Son âge vénérable n'empêchera pas Gerald O'Reilly d'aller en prison. Pour avoir fait la contrebande du tabac à grande échelle, l'homme de 81 ans a été condamné ce matin à une peine de cinq ans de prison.

Le séjour de M. O'Reilly pourrait fort bien être écourté. L'octogénaire compte en appeler dès aujourd'hui de cette peine qui lui a été imposée par la juge Louise Bourdeau. Un complice, David Alexander-Philips, 63 ans, a écopé la même peine que M. O'Reilly. Au terme d'un long procès, ils avaient tous deux étés déclarés coupables de fraude de plus de 5000 $ contre les gouvernements du Québec et de la Nouvelle-Écosse, complot, gangstérisme et recyclage des produits de la criminalité. Un autre accusé, Serge Perron, dont l'implication était moindre, s'en est tiré aujourd'hui avec une peine de deux ans moins un jour à purger dans la collectivité. 

Spécialisé dans la contrebande de tabac entre le Québec et la Nouvelle-Écosse, le clan O'Reilly a écoulé 473 boîtes de cigarettes entre de juillet 2006 à février 2008. Les cigarettes étaient fabriquées dans les territoires autochtones de Kahnawake et Akwesasne et étaient expédiées en Nouvelle-Écosse par camion réfrigéré. Ceci afin de masquer l'odeur. L'argent circulait ensuite en sens contraire, caché dans des boîtes de savon.

La défense faisait valoir que cette cause était unique, vu que les accusations n'avaient pas été portées en vertu de la loi sur l'Accise, mais en vertu du Code criminel. Ils rappelaient aussi que la vente de ces cigarettes est tolérée par l'État sur les territoires autochtones. 

La juge Bourdeau a tenu compte de cette situation particulière, mais a conclu que la prison s'imposait.

«Les accusés ont privé les gouvernements de revenus appréciables. Même si l'on tente de minimiser la gravité du crime, il y a un aspect choquant puisque d'honnêtes citoyens qui paient régulièrement leurs impôts se voient indirectement lésés par des pertes de revenus gouvernementaux», a noté la juge dans sa décision.

Petite mais efficace

La juge résume ainsi l'organisation et son fonctionnement : «Bien que l'organisation criminelle n'était pas de grande envergure, elle était bien rodée, avec des fournisseurs attitrés, des rencontres effectuées souvent au même endroit, les transports dans des camions réfrigérés avec des arrêts à différentes industries où on mettait les cigarettes entre deux autres cargaisons pour les dissimuler davantage, les conversations téléphoniques en langage codé, l'envoi d'argent comptant provenant de la contrebande dans des boîtes de savon et par la suite introduits dans les guichets automatiques. On peut parler de structure, planification et d'organisation.»