Après avoir montré des signes de dissension, le jury chargé de juger Emma Czornobaj s'est finalement rallié vendredi matin et l'a déclarée coupable de négligence criminelle causant la mort et conduite dangereuse causant la mort.

Debout à la barre pour accueillir le verdict, Mme Czornobaj, 25 ans, a pleuré silencieusement quand la jurée numéro quatre a prononcé les verdicts de culpabilité. La juge Éliane Perreault a ensuite demandé à tour de rôle à chacun des jurés s'il était d'accord avec le verdict. Ils ont tous répondu par l'affirmative.

Mme Czornobaj avait arrêté sa voiture dans la voie de gauche de l'autoroute vers 19h20, le 27 juin 2010, dans le but de porter secours à des canetons qui s'y trouvaient. Constatant que les canards la fuyaient et qu'elle ne pourrait les attraper, elle avait rebroussé chemin pour retourner à sa voiture. C'est à ce moment que la motocyclette conduite par André Roy avait percuté son véhicule. M. Roy, 50 ans, est mort, de même que sa passagère, Jessie, sa fille qui avait 16 ans. Pauline Volikakis, qui suivait sur sa propre moto, a ainsi assisté, impuissante, à la collision qui lui a ravi son mari et sa fille.

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Mme Volikakis a assisté au procès de Mme Czornobaj. Elle a aussi pleuré lors du verdict. Revivre tous ces souvenirs était douloureux. «Ça fait trois semaines que c'est difficile. Là c'est terminé, on passe à autre chose. On espère que ça va aller bien.» 

Peu importe la peine qui sera imposée à Mme Czornobaj, cela ne ramènera pas son mari et sa fille. «Dans tout ça, je ne souhaite rien. Je ne souhaite pas le malheur à personne. Je veux juste continuer avec ma vie», a-t-elle dit.

Sous le choc

Mme Czornobaj était sous le choc après sa condamnation. Elle est restée enfermée dans un cubicule avec sa mère. Quand elle a finalement quitté, un peu avant midi, elle a caché son visage avec un journal en passant devant les caméras des médias. 

En appel?

Son avocat, Marc Labelle, se dit «inconfortable» avec le verdict et a l'idée de porter la cause en appel. Le jury était pour ainsi dire pris dans un carcan avec les directives qu'il a reçues. Or, les directives de la juge étaient conformes au droit, dit-il. Il pointe plutôt le droit criminel canadien. 

«On est tous conscients qu'arrêter son auto dans la voie de gauche de l'autoroute, c'est pas une bonne idée. On peut même considérer que c'est dangereux. Mais si la personne n'a pas d'intention criminelle... Elle n'est pas dans une course, n'a pas consommé d'alcool. S'il n'y a rien dans sa conduite à part la décision d'aller sauver des canards, est-ce qu'on peut quand même soumettre ça à un jury et dire «vous pouvez déduire l'intention criminelle parce que le geste est objectivement dangereux?» Ça pourrait être une situation à soumettre à un tribunal supérieur», a fait valoir Me Labelle.

Reste maintenant à savoir quelle peine échouera à Mme Czornobaj. La négligence criminelle causant la mort est passible d'une peine à perpétuité, la conduite dangereuse causant la mort est passible d'une peine maximale de 14 ans. Il n'y a pas de peine minimale. Mais si la Couronne demande de la prison, il n'y a pas moyen de purger cette peine dans la communauté, vu qu'il y a eu des morts. La peine la plus légère serait vraisemblablement une sentence avec sursis avec probation ou des travaux communautaires. 

La procureure de la Couronne Annie-Claude Chassé n'a pas voulu préciser sur la peine qu'elle compte demander. Tout cela reste à déterminer. Les parties se reverront le 8 août pour aviser.