La tâche du jury chargé de juger Emma Czornobaj, cette femme qui a immobilisé sa voiture sur la voie de gauche de l'autoroute 30 le 27 juin 2010 pour sauver des canetons, n'est pas aussi simple qu'on pourrait l'imaginer. Deux heures après avoir entrepris ses délibérations, hier, le jury est revenu devant la juge Éliane Perreault pour demander des précisions sur les directives.

Le jury voulait avoir une définition «claire» des mots «insouciant» et «imprudent» dans le contexte des accusations. Il voulait aussi savoir si la vitesse du motocycliste André Roy était pertinente pour évaluer les causes de sa mort. Le jury a obtenu réponse à la première question et aura une réponse complète à la seconde ce matin.

Mme Czornobaj est accusée de conduite dangereuse et de négligence criminelle ayant fait deux morts. Le jury doit décider si elle est coupable ou non de ces accusations. Les dix hommes et deux femmes peuvent aussi envisager un verdict de culpabilité moindre, soit celui de conduite dangereuse (sans causer la mort), que la juge Perreault a ouvert au jury.

La négligence criminelle causant la mort est passible d'une peine à perpétuité, la conduite dangereuse causant la mort est passible d'un maximum de 14 ans de prison, tandis que la conduite dangereuse entraîne une peine maximale de 5 ans de prison. Il n'y a pas de peine minimale pour ces trois accusations.

Rappelons qu'André Roy, 50 ans, et sa fille Jessie, 16 ans, ont péri quand la moto conduite par M. Roy a percuté la voiture de Mme Czornobaj.

Dans ses directives, la juge Perreault a expliqué au jury les questions qu'il doit se poser pour arriver à un verdict. Pour la négligence criminelle, le jury doit notamment se demander si l'accusée s'est montrée insouciante et téméraire en faisant ce qu'elle a fait, et si sa conduite constitue un écart marqué par rapport à ce qu'aurait fait une personne raisonnable dans les mêmes circonstances.

La procureure de la Couronne Annie-Claude Chassé estime avoir fait la preuve que la conduite de Mme Czornobaj constitue un acte criminel. L'avocat en défense, Marc Labelle, a soutenu qu'il s'agissait plutôt d'un événement imprévisible et d'un accident. Mme Czornobaj était convaincue qu'elle n'était pas un danger pour les autres.

À la rescousse de canetons

Mme Czornobaj, qui avait 21 ans au moment des tragiques événements, affirme qu'il y avait peu de circulation et qu'elle avait allumé ses feux de détresse avant d'arrêter sa voiture. Elle est descendue de sa Honda en laissant le moteur en marche et la portière ouverte, puis elle a marché vers les petits canards dans le but de les recueillir. Elle a constaté qu'ils la fuyaient et a elle rebroussé chemin pour retourner vers sa voiture. C'est à ce moment que la collision est survenue. Selon la preuve, il s'est écoulé de 20 à 30 secondes entre sa sortie du véhicule et la collision.

Deux témoins qui ont vu la collision, soit la femme de M. Roy, Pauline Volikakis, et une automobiliste, Martine Tessier, soutiennent pour leur part que les feux de détresse n'étaient pas activés. Ils l'étaient cependant quand l'expert en reconstitution de collision est arrivé sur la scène, dans la soirée.

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