En apercevant «une demoiselle» marcher sur l'autoroute 30, André Roy a «gesticulé» pour lui signifier que c'était dangereux. Une fraction de seconde plus tard, la moto de M. Roy percutait de plein fouet la voiture de la jeune fille, arrêtée dans la voie de gauche de l'autoroute.

C'est ce que Pauline Volikakis a raconté, mardi, au procès de la jeune fille en question, Emma Czornobaj, qui est accusée de négligence criminelle et conduite dangereuse ayant causé la mort de deux personnes. Elle aurait arrêté sa voiture pour sauver une famille de canards qui déambulait sur l'autoroute.

André Roy, 50 ans, de même que sa passagère sur la moto, sa fille Jessie, 16 ans, ont péri. L'effroyable collision s'est produite sous les yeux de Mme Volikakis, qui suivait sur sa propre moto. D'un coup sec, en ce beau dimanche ensoleillé du 27 juin 2010, Mme Volikakis a perdu son mari et sa fille. 

«André a rebondi. Il est tombé face à l'asphalte. Jessie a fait un 360 dans les airs, pour atterrir entre le terre-plein et la voiture. J'ai essayé d'aller voir ma fille, mais elle était sous la voiture. Je ne pouvais pas la toucher. Je suis allée voir André. Il a ouvert les yeux et les a refermés», a douloureusement expliqué Mme Volikakis.

Mme Volikakis se souvient que le moteur de la voiture fonctionnait, mais qu'il n'y avait pas de lumière, pas de feux de détresse. Mme Czornobaj est arrivée par la suite et a éteint son moteur. La jeune fille semblait avoir une vingtaine d'années. De fait, elle avait 21 ans.

85 km\hre

Mme Volikakis, son époux et leur fille roulaient en direction de leur maison, à Saint-Constant, au moment de la collision. Le couple venait d'aller chercher leur fille à son travail. La jeune Jessie avait un emploi de fin de semaine dans une épicerie.

Mme Volikakis avait un permis d'apprenti conducteur. Elle n'aimait pas rouler vite, et son mari adaptait sa conduite à son rythme à elle, assure-t-elle. La femme pense qu'ils devaient rouler à 80 ou 85 km\hre avant la collision. 

Le témoignage de Mme Volikakis se poursuivra mercredi.

Le premier témoin appelé à la barre, mardi, Martine Tessier, a raconté qu'elle roulait sur l'autoroute 30 quand elle avait remarqué une jeune fille sur le bord de l'autoroute, près d'un muret de ciment, qui faisait des gestes de la main en direction d'une famille de canards.  

«J'ai dit à mes enfants: qu'est-ce qu'elle fait là, elle va se faire tuer» a raconté la femme. Dès après, elle a vu une voiture arrêtée sur la voie de gauche de l'autoroute, et a dû donner un bon coup de volant pour l'éviter. Une fois passée, elle a regardé dans son rétroviseur, et a vu la collision. L'arrière de la voiture a été soulevé, et un corps a rebondi dans les airs, comme une «poupée de chiffons.»

Mme Czornobaj subit son procès en anglais devant jury. Celui-ci est composé de dix hommes et deux femmes.