Il est admis que l'ex-directeur général de la FTQ-Construction Jocelyn Dupuis a fait de fausses factures dans ses réclamations de dépenses. Mais il n'avait «aucune intention malveillante.»

C'est ce que Me Jean-Daniel Debkoski a plaidé vendredi matin, au procès de M. Dupuis. Ce dernier est accusé d'avoir fraudé la FTQ-Construction entre décembre 2007 et novembre 2008, en faisant des faux documents. Pour ces onze mois, M. Dupuis a présenté des allocations de dépenses totalisant 225 000 $. De nombreuses factures de restaurants ont été gonflées ou fabriquées de toutes pièces, pour une somme d'au moins 63 000 $. La FTQ-Construction savait et laissait faire, selon des témoins de la défense. M. Dupuis réclamait plus parce qu'il payait souvent des choses en argent comptant, pour le bien-être des travailleurs. Comme 25 $ d'essence et un repas par tête de pipe, s'ils participaient à une manifestation.

Me Debkoski a fait valoir que M. Dupuis était autorisé à toutes ces dépenses. C'est simplement le chemin, ou le moyen pour obtenir remboursement, qui n'était pas le bon. «Pour lui, le document n'avait pas de valeur», a-t-il dit.

«Parce qu'il était autorisé, il ratissait large, il en beurrait épais», a demandé le juge Denis Lavergne?

«J'admets qu'il a créé un faux en laissant croire que ces documents sont authentiques, alors que les gens savaient qu'ils ne l'étaient pas», a rétorqué l'avocat, avant d'ajouter qu'en sortant de l'école (du Barreau), il ne «pensait jamais qu'il plaiderait ça un jour.»

Quoi qu'il en soit, la FTQ-Construction n'a jamais porté plainte, et Me Debkoski se demande pourquoi ce procès a eu lieu.

L'occasion fait le larron

Le procureur de la Couronne, Jacques Dagenais, trouve que la théorie de la défense est farfelue. Il n'y a aucune preuve que tout le monde à l'exécutif était d'accord avec la façon de faire de M. Dupuis, et il n'y a pas preuve non plus que les sommes détournées aient servi aux activités syndicales, a lancé Me Dagenais.

Selon lui, en suivant la logique de la défense, au lieu de demander carrément de l'argent ou un chèque au comptable pour payer les activités syndicales, M. Dupuis serait allé au guichet automatique retirer de l'argent dans son compte personnel, aurait payé les gars et des tournées de bière en argent sans obtenir de factures, et se serait servi d'un amoncellement de reçus en blanc pour faire des fausses factures par la suite pour se rembourser. «Factures qu'il se donnait la peine de signer Lynda», a fait remarquer Me Dagenais, avant de dire que c'était «follement insensé.»

La défense a présenté des témoins qui sont venus vanter l'honnêteté de M. Dupuis, disant qu'il n'aurait jamais pris un sou des travailleurs. Mais pour Me Dagenais, les repas princiers que M. Dupuis a pris en compagnie de collègues de travail, aux frais des travailleurs de la construction, jettent un doute sur sa «moralité impeccable.»

Les plaidoiries se poursuivent en après-midi.