Alors qu'il était enfant,  Éric Daudelin s'est fait garder pendant environ six ans dans la maison d'Auteuil située au 1, rue Debussy. C'est la maison où habitait Joleil Campeau au moment de sa mort, en juin 1995.

Cette surprenante révélation, c'est Éric Daudelin qui l'a faite ce matin, alors qu'il amorçait son témoignage à son procès. Il est jugé pour le meurtre de la petite Joleil. L'enfant de neuf ans a été trouvée noyée dans un ruisseau près de la rue Debussy, le 16 juin 1995, quatre jours après sa disparition.

La preuve de la Couronne est close, et Éric Daudelin a décidé de témoigner pour sa défense. Debout dans le box des accusés, il répond aux questions de son avocat, Gilles Daudelin, d'une voix ferme. Il a parlé brièvement de son enfance, a expliqué qu'il était enfant unique, et que ses deux parents travaillaient. De l'âge de trois à 12 ou 13 ans, il a habité avec ses parents sur la rue Terrasse Auteuil, voisine de la rue Debussy. Il se faisait garder chez Loulou, considérée comme une tante, mais qui n'avait pas de lien de parenté. Celle-ci habitait au 1, rue Debussy. «Malheureusement, c'est la maison ou la victime habitait», a relevé M. Daudelin. Il a raconté que Loulou avait un fils, et qu'ils allaient jouer ensemble dans les bois alentours.  

Éric Daudelin a avoué qu'en 1992, il avait été accusé de six agressions sexuelles, soit quatre commises alors qu'il était mineur, et deux alors qu'il était majeur. Il avait plaidé coupable parce que «j'étais coupable», a-t-il dit. Il se dit non coupable du meurtre de Joleil Campeau.

À ce sujet, M. Daudelin se souvient que la police est venue le voir chez ses parents, le matin du 16 juin 1995. Ils voulaient le questionner sur la disparition de la petite Joleil. Il a accepté de les suivre au poste de police, avec sa voiture et a consenti à ce que celle-ci soit expertisée. M. Daudelin avait été interrogé pendant tout l'avant-midi par les enquêteurs. Il avait refusé de subir le polygraphe. «Pour deux raisons: ce n'est pas admissible à la Cour, et j'avais un alibi», a expliqué M. Daudelin. Son alibi était qu'il était au chalet de son père, à Saint-Colomban, au moment où l'enfant avait disparu.

En après-midi du 16 juin 1995, M. Daudelin avait accepté d'amener les policiers au chalet de son père. Les policiers ont fait des vérifications relatives à l'alibi de M. Daudelin. Alors qu'ils s'en revenaient vers Laval, un des policiers a reçu un appel: le cadavre de la petite venait d'être trouvé dans le ruisseau. «Ils m'ont regardé pour voir ma réaction», a raconté M. Daudelin. Il avait fini par être relâché en fin d'après-midi. 

M. Daudelin a aussi abordé son implication dans la fausse organisation criminelle, en 2011. Il s'agissait en fait d'un piège que lui ont tendu les policiers, dans l'espoir qu'il avoue avoir commis le meurtre de Joleil Campeau. L'interrogatoire de M. Daudelin se poursuit cet après-midi.