L'adolescent de 13 ans qui a tué son frère aîné d'un coup de feu à la tête, le 21 janvier dernier, devrait être libéré pour passer les Fêtes avec sa famille. C'est ce que son avocate, Isabel Schurman, a plaidé hier en Chambre de la jeunesse. Elle a invoqué des motifs humanitaires pour motiver sa demande, la quatrième depuis le tragique événement.

La famille du garçon souffre doublement: un de ses fils est parti pour toujours, et l'autre est enfermé depuis son arrestation, il y a 11 mois, a fait valoir Me Schurman. La victime, qui avait 16 ans, a été atteinte d'un coup de feu à la tête dans le domicile familial, à Dorval. L'accusé n'avait que 12 ans lorsque le drame est arrivé. D'abord accusé d'homicide involontaire, il a plaidé coupable en septembre à une accusation réduite de négligence criminelle ayant causé la mort de son frère aîné. Le rapport avant sentence à son sujet ne sera prêt qu'en janvier. Me Schurman estime que c'est trop long.

Les parents veulent s'impliquer davantage auprès de leur fils, mais il n'ont pas les habiletés pour le prendre sous leur aile dans les circonstances, selon le Dr Martin Gignac, pédopsychiatre qui a témoigné hier. Il est d'avis que les parents vivent déjà un très grand stress, et ce stress sera encore plus important si l'adolescent revient à la maison. Par ailleurs, il est irréaliste de penser qu'ils pourraient le surveiller 24 heures sur 24.

Le Dr Gignac a rencontré l'adolescent avec ses parents pendant deux heures. Son rapport n'est pas terminé, mais il a noté un «trouble des conduites». C'est un trouble de la personnalité qui inclut des conduites antisociales, comme l'agressivité, le mensonge, le vol, le manque d'empathie... Mais il est encore jeune et il peut s'améliorer, précise-t-il.

Me Schurman a fait témoigner une cousine de l'accusé, qui est prête à l'accueillir chez elle s'il est libéré. Elle a quatre enfants, dont un de l'âge de l'accusé. D'autres membres de la famille, comme la grand-mère, sont prêts à s'impliquer pour aider à encadrer et surveiller l'adolescent. Et il pourrait avoir un suivi psychologique deux fois par semaine, a plaidé l'avocate.

La procureure de la Couronne Marie-Claude Bourassa s'oppose à la mise en liberté de l'adolescent. Rien n'a changé depuis que cette liberté lui a été refusée. Le rapport (incomplet) n'est pas mauvais, mais il est «très troublant», et son habileté à mentir est toujours là, a-t-elle dit.

Rappelons qu'à 12 ans seulement, le jeune homme prenait la voiture de sa mère en cachette. Le 2 janvier 2012, il a commis un vol qualifié avec une arme à feu, la même qui allait causer la mort de son frère trois semaines plus tard. Il a d'ailleurs plaidé coupable à une accusation de vol qualifié avec arme.

Le juge Guy Lecompte rendra sa décision demain.