Francis Bélanger n'arrivait pas à contenir ses pleurs et ses tremblements, hier, alors que la juge Lynda Despots s'apprêtait à lui infliger une peine pour un homicide involontaire. L'homme de 21 ans a finalement écopé trois ans de pénitencier.

L'affaire est d'autant plus malheureuse qu'elle résulte d'une suite de malentendus. La victime était un père de quatre enfants, Iqbal Ahmed. Tout a commencé vers 23h, le 8 avril 2011, quand la mère a surpris une conversation entre sa fille et deux de ses amies qui se trouvaient à sa fenêtre. Ces dernières invitaient l'adolescente à sortir. La femme a pensé que sa fille avait accepté l'invitation, et a avisé son mari.

M. Ahmed était alors parti aux trousses des jeunes filles dans l'idée de rattraper la sienne. Quand il s'était rendu compte de sa méprise, l'homme de 56 ans a rebroussé chemin. Mais entre-temps, les jeunes filles avaient croisé quatre garçons, et elles leur avaient dit qu'un «pédophile» les poursuivait. À leur tour, les garçons étaient partis aux trousses de l'homme et l'avaient rattrapé.

Sans lui donner le temps de s'expliquer, un des jeunes a donné un coup de torse à Iqbal Ahmed, qui a chancelé. Francis Bélanger, qui avait 18 ans à ce moment, a donné un coup de poing à M. Ahmed, qui s'est durement frappé la tête sur une rampe d'escalier, en tombant. Les quatre jeunes se sont enfuis. M. Ahmed est mort d'un traumatisme crânien.

La juge Linda Despots signale que la situation se rapproche plus d'un accident. Le jeune ne pouvait prévoir qu'un coup de poing allait causer une lésion fatale à la victime. Toutefois, M. Bélanger a décidé de se poser en justicier et d'utiliser la violence à l'égard de M. Ahmed, a relevé la juge.

Regrets

M. Bélanger regrette amèrement son geste. Mais son parcours et sa motivation laissent à désirer. Avant sa majorité, il a eu des condamnations en Chambre de la jeunesse, et une fois adulte, il lui arrivait de ne pas respecter ses conditions. Par ailleurs, il n'a pas fait beaucoup d'efforts pour trouver de l'aide. Il ne travaille pas et ne va pas à l'école.

La poursuite suggérait cinq ans de prison, tandis que la défense, représentée par Me Clemente Monterosso, demandait deux ans moins un jour. La juge a opté pour trois ans.

Le jeune homme a été menotté et incarcéré sur le champ, pendant que sa mère fondait en larmes.