Après deux mois d'évaluation psychiatrique, la Lavalloise qui aurait empoisonné sa fille pour tenter de la tuer et qui se serait empoisonnée, le jour de la rentrée scolaire, a été déclarée apte à comparaître. Son mari croit qu'elle ne pourra être tenue responsable de son crime.

Le triste événement s'est produit le 28 août, dans une rue tranquille du quartier Chomedey. En ce jour de rentrée, un père de quatre enfants s'étonnait de ne pas voir sa fille de sept ans se présenter à table pour le petit déjeuner.

«Je préparais les choses pour l'école, les cartables, le déjeuner. J'ai demandé à mon fils d'aller chercher sa soeur en bas. Il est revenu en disant qu'elle dormait. Je suis descendu. Ma fille bougeait une main seulement. Elle avait de la mousse autour de la bouche. J'ai essayé de lui jeter de l'eau sur le visage, mais ça n'a rien fait», a raconté le père de la fillette et mari de l'accusée dans une récente entrevue avec La Presse.

On ne peut nommer l'homme, pas plus que la mère, afin de ne pas faciliter l'identification de la victime mineure.

La mère et la fille ont été hospitalisées, toutes deux dans un état critique. Il a fallu de longues heures avant que les médecins les déclarent hors de danger.

La mère a été arrêtée pour tentative de meurtre, voies de fait contre ses autres enfants et administration d'une substance pouvant causer la mort, entre autres.

Son mari croit qu'il s'agit de poison à rat qu'elle aurait rapporté de son dernier voyage au Maroc, leur pays natal.

Elle avait été envoyée à l'Institut Philippe-Pinel au terme de son hospitalisation, afin que soit évaluée son aptitude à comparaître.

Vendredi dernier, après 60 jours d'évaluation, les psychiatres ont annoncé au tribunal que la dame avait pris du mieux et pouvait comprendre la nature des gestes qui lui sont reprochés.

Mais elle est malgré tout retournée à Pinel. «On a établi qu'elle peut comprendre la nature des accusations et du processus judiciaire qui s'amorce. Maintenant, il faut déterminer si, au moment du geste reproché, elle était dans un état qui lui permettait de comprendre ce qu'elle faisait», explique son avocate, Mélany Renaud.

Aucune séquelle

La fillette, heureusement, ne garde aucune séquelle de l'empoisonnement qui a failli la tuer. Elle est revenue vivre avec son père, ses deux grands frères, des jumeaux de 10 ans, et son petit frère d'un peu moins de deux ans. «Elle a repris sa vie. Les enfants ont déjà tout oublié cette histoire. Ça a été un peu difficile au début, mais les gens de l'école ont fait un grand travail avec les enfants, leurs amis, les parents», assure le père.

Il a vécu pendant 10 ans avec sa femme de 35 ans, mais il veut maintenant demander le divorce. Ils ont d'ailleurs vécu séparément pendant neuf mois avant le drame. Elle avait la garde des deux plus jeunes enfants, et lui celle des jumeaux, selon Me Renaud.

Il est convaincu qu'elle doit être déclarée non criminellement responsable pour cause de troubles mentaux.

«Après chaque accouchement, elle faisait une dépression. L'année qui vient de passer, ça a été plus fort. Chaque été, je l'envoie au Maroc pour voir sa famille. Lorsqu'elle revient ici, elle est très différente, très sévère. Elle est agressive avec moi, les enfants, elle casse des portes, la vaisselle», poursuit l'homme.

Selon lui, elle ne souffrait d'aucun problème d'intégration au Québec, même si elle ne travaillait pas. «Elle avait des amis», dit-il.

«Pour l'instant, je vais demander la garde complète des enfants. Pour ce qui est de l'aider, l'hôpital s'en occupe. Elle n'en sortira pas tant qu'elle sera malade», conclut l'homme.