Au septième jour de ses délibérations, hier après-midi, le jury a déclaré Erich Shimon Chemama coupable d'agression sexuelle, de séquestration et de menaces à l'endroit de deux prostituées. Il a été acquitté des mêmes accusations en ce qui concerne une troisième travailleuse du sexe.

L'homme de 32 ans pourrait maintenant être déclaré délinquant dangereux. Me Matthew Ferguson, procureur pour le ministère public, demandera que M. Chemama soit évalué pour voir s'il en a le profil. Au début de la vingtaine, l'homme a été déclaré coupable d'un crime commis dans des circonstances similaires, en Ontario. Et il purge actuellement une peine de quatre ans pour entrave à la justice, événement survenu le 3 décembre 2010, peu après son arrestation pour le présent dossier. Il avait tenté d'influencer un témoin.

Quérulent

L'homme, qui a d'importants problèmes de comportement, même en prison, et qui conteste de façon obsessive à peu près toutes les décisions rendues à son endroit, a été déclaré quérulent, ce qui signifie qu'il devra dorénavant obtenir l'autorisation du juge en chef avant de pouvoir déposer certaines requêtes devant les tribunaux. M. Chemama devient ainsi un des premiers Canadiens accusés au criminel à être déclaré quérulent, une mesure habituellement réservée aux causes civiles.

Depuis son arrestation, en 2010, il a présenté un nombre incalculable de requêtes, qui ont monopolisé les ressources judiciaires. Ainsi, il a fallu 40 jours pour disposer de ses requêtes préliminaires avant le procès, selon Me Ferguson. Hier, tout de suite après le verdict, M. Chemama voulait présenter une défense de troubles mentaux. Le juge Jean-François Buffoni, qui en a vu de toutes les couleurs pendant le procès, a refusé. Mais il a accordé à M. Chemama son autre demande: ramener le jury dans la salle afin de demander à chacun s'il était d'accord avec le verdict. Le petit exercice a été fait, et chacun des 11 jurés a répondu par l'affirmative.

Il n'y avait pas de 12e juré, car celui-ci avait jeté l'éponge il y a plusieurs semaines. Il avait l'impression de participer à une grande injustice, disait-il, puisque M. Chemama devait se défendre seul, sans avocat, contre la grosse machine de l'État. Il faut dire que M. Chemama ne ratait pas une occasion de se poser en victime, notamment en martelant au jury qu'on ne lui permettait pas d'avoir un avocat et qu'on violait ses droits.

Le jury n'était pas au courant qu'il avait eu plusieurs avocats dans le passé, mais qu'il ne les gardait pas - ou alors, ce sont eux qui partaient parce qu'ils ne pouvaient s'entendre avec lui. M. Chemama a été évalué en psychiatre et était apte à être jugé.

Patience

S'il y avait des médailles de patience à décerner dans le milieu judiciaire, il faudrait en donner aux intervenants et aux jurés assignés au procès de M. Chemama. S'asseoir 20 minutes dans cette salle d'audience était un billet de faveur pour un mal de tête, en raison des interventions désordonnées et incessantes de l'accusé.

Rappelons enfin que M. Chemama a été déclaré coupable pour des faits qui se sont produits le 7 octobre 2009 et le 25 novembre 2010. Il a fait venir des escortes chez lui et, sous la force et la menace, leur imposait des relations sexuelles brutales, sans condom et non consentantes. Il les prenait à la gorge et menaçait de les tuer si elles ne le laissaient pas faire. Les femmes étaient terrorisées.