Une jeune femme qui a ébouillanté les pieds d'un bambin qu'elle gardait, en 2010, pour l'entraîner à faire pipi dans la toilette, regrette maintenant amèrement son geste.

«Je suis profondément désolée d'avoir [fait] un acte aussi horrible», a dit en pleurant Carolyne G., hier, alors qu'elle témoignait devant le juge Salvatore Mascia. La femme de 26 ans a plaidé coupable à une accusation de négligence criminelle ayant causé des lésions à l'enfant. Celui-ci avait deux ans et demi au moment des faits, qui sont survenus le 12 mars 2010, dans la garderie en milieu familial que la jeune femme tenait à Montréal.

Carolyne doit maintenant recevoir sa peine. La procureure de la Couronne France Duhamel propose 18 mois d'incarcération, tandis que Me Marcela Valdivia, en défense, a évoqué l'idée d'une absolution ou d'une sentence suspendue. Selon elle, il s'agit d'un «problème de société», car les garderies sont mal encadrées. «C'est nous qui permettons des garderies en milieu familial sans surveillance et sans formation», a fait valoir l'avocate. À 23 ans, Carolyne gardait deux ou trois enfants, en plus des deux siens.

Des cloques

L'enfant a été brûlé le 12 mars 2010, quand Carolyne lui a mis les pieds dans l'eau très chaude d'un bain. La peau du petit a rougi, puis a fait des cloques. Quand la mère est venue chercher son enfant à la garderie, celui-ci avait les pieds enrobés d'une serviette. Carolyne a d'abord dit à la mère que le petit faisait une réaction allergique. Puis, elle a prétendu qu'il s'était peut-être blessé dans ses bottes, vu qu'ils avaient beaucoup marché au parc dans la journée.

Le même jour, la mère a amené son fils à l'hôpital, où on a diagnostiqué des brûlures au premier et au deuxième degré. Le petit est resté à l'hôpital pendant une semaine. Un jour, pendant ce séjour, la mère a amené le petit aux toilettes.

«Là, tu vas pisser. Si tu pisses pas, je ferme la lumière. Si tu pisses pas, je vais mettre tes pieds dans le bain», a lancé l'enfant d'un ton autoritaire.

Le petit venait de dévoiler la cause de ses brûlures. Les médecins ont d'ailleurs évalué qu'il s'agissait de brûlures par immersion. Après sa sortie de l'hôpital, le petit a été sous traitement avec des bandages à un pied pendant plusieurs semaines. Les changements de pansements étaient particulièrement douloureux pour l'enfant, a relaté la mère dans une déclaration qui a été soumise au juge, hier.

Peu mature

Depuis sa mise en accusation, Carolyne a suivi des thérapies pour gérer sa colère et ses émotions. «Elle a fait beaucoup de démarches, de programmes, elle a maturé. Elle est pas mal plus solide sur ses pieds», a expliqué son père, hier, devant le juge. La jeune femme occupe maintenant un autre emploi.

À la fin de l'audience, le juge Mascia a indiqué qu'il mettait l'affaire en délibéré. Il croit aux remords de la jeune femme. «Votre cause requiert réflexion», a fait valoir le juge, avant de fixer le prononcé de la peine au 5 février.