Pour tuer Amanda et Sabrina dans la chambre hyperbare sans laisser de trace et en déjouant la science, il aurait fallu être un super criminel organisé. Or, ce profil ne correspond pas du tout à Adèle Sorella.

C'est, entre autres, ce que l'avocat de la défense Pierre Poupart a fait valoir, mardi, au procès d'Adèle Sorella. La femme de 47 ans est accusée des meurtres prémédités de ses deux filles, trouvées mortes l'après-midi du 31 mars 2009, dans sa maison de Laval.

Pendant ses deux jours de plaidoirie, Me Poupart a fait l'inventaire des témoignages rendus au cours de ce procès qui a commencé à la fin d'avril. Il a critiqué les policiers qui, selon lui, ont négligé de possibles pistes pour se concentrer avec une vision tunnel sur sa cliente, étant déjà convaincus de sa culpabilité. La «postulat de base était qu'elle avait tué ses enfants», a-t-il déploré. Me Poupart a appelé le jury à ne pas tomber dans le «même traquenard.»

Adèle Sorella n'a pas témoigné à son procès. Et lors de son interrogatoire, après son arrestation, le 1er avril 2009, elle niait la mort de ses enfants. Les policiers considéraient cela comme du déni de sa part. Me Poupart suggère plutôt qu'elle n'était vraiment pas au courant de la mort de ses filles. Adèle Sorella n'a pas répondu à la plupart des questions de l'enquêteur lors de l'interrogatoire. L'avocat a relevé le nombre de fois où sa cliente a manifesté son désir de ne pas parler; 70 fois, elle a dit qu'elle voulait exercer son droit au silence, huit fois, elle a dit qu'elle suivait les conseils de son avocate, et 39 fois, elle a dit qu'elle voulait retourner dans sa cellule. Me Poupart a fait valoir qu'en cela, elle avait scrupuleusement respecté les consignes de l'avocate qui la représentait à l'époque, Me Johanne Saint-Gelais.

L'avocat a enfin rappelé que ce n'est pas à Mme Sorella de faire la démonstration de son innocence, mais à l'État de prouver hors de tout doute raisonnable qu'elle est coupable. Et cette preuve n'a pas été faite, soumet l'avocat.

Me Poupart a conclu sa plaidoirie en citant Balzac d'un ton solennel: «L'homme est un bouffon qui danse sur un précipice. Vous n'êtes pas des bouffons, mais vous dansez sur un précipice.»

Mercredi, ce sera au tour de la Couronne de plaider.